Mélange

Des mariages mieux assortis à Frieze Masters

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 27 octobre 2015 - 556 mots

Frieze Masters a réussi l’alliance de l’ancien et de l’art moderne et contemporain. Une maturité ressentie dans l’organisation autant que dans le choix de ses exposants.

LONDRES - La jeune foire anglaise qui a refermé ses portes le 18 octobre a ébloui tant par la quantité de marchands de haut niveau présents que par la qualité des stands. Un public nombreux, assez jeune et cosmopolite, qu’on ne voit pas à Maastricht, s’est massé dès l’ouverture malgré un site excentré, loin de Mayfair. Des stands aérés et une décoration simple, mais lumineuse, parachevaient l’ensemble.

Si le propos de la manifestation est de favoriser les rapprochements entre deux mondes, l’art ancien et l’art moderne et contemporain, les choses n’étaient pas gagnées d’avance. Mais des efforts ont été faits en ce sens. « Le concept était un peu bancal au départ, notamment lorsqu’un exposant d’art ancien proposait aussi de l’art contemporain. La confrontation n’était pas juste. Certains semblaient se forcer et y perdaient un peu leur âme. Mais cette année, nombreux sont ceux qui ont adopté une stratégie différente, favorisant les associations de galeries », commentait Nicolas Joly, expert en tableaux anciens.

Aussi, plusieurs marchands avaient choisi de partager un stand en réalisant des correspondances entre leurs deux spécialités. Le stand le plus réussi à cet égard était sans conteste celui des galeries Moretti (Londres) et Hauser & Wirth (Zürich, Londres), respectivement spécialisées en tableaux italiens et art contemporain. Une vedute de Bellotto conversait avec des œuvres de Picabia et Kazuo Shiraga, tandis qu’un crucifix attribué à l’Algarde (XVIe siècle) se tenait non loin d’une sculpture d’Henry Moore et de dessins de Giacometti. D’autres stands réalisaient aussi une belle collaboration, comme celui de Tomasso Brothers (Londres) et Karsten Schubert (Londres), où sculptures anciennes interagissaient avec des œuvres sur papier de Bridget Riley. Malgré tout, certains marchands ont réussi à eux seuls le mélange des genres, comme Benjamin Proust (Londres) qui mêlait art cycladique, guéridon de Jean Prouvé, œuvres de Cy Twombly ou Alberto Burri.

Associations surprenantes
Parmi les surprises, Helly Nahmad (New York) a poursuivi son travail d’immersion. L’an passé, il avait stupéfait les visiteurs en recréant le salon d’un collectionneur des années 1960. Cette année, il a reconstitué un asile des années 1940, source d’inspiration des travaux de Jean Dubuffet à partir d’œuvres d’art brut réalisées par des malades mentaux dont il exposait un panel, tel Deux personnages à la campagne (1975). Il ne fallait pas manquer non plus les œuvres de Günther Uecker chez Cardi (Milan), qui en avait déjà vendu une le premier jour (2 millions d’euros) ; les dessins et gouaches de Calder à la galerie Pace (Londres) ou encore la sélection d’Acquavella (New York) composée d’œuvres de Picasso, Monet ou Degas et d’une araignée de Louise Bourgeois.

Si, visuellement, les associations étaient efficaces à quelques exceptions près, il n’est pas certain que le mariage des époques ait aussi bien fonctionné au niveau des ventes. « Je ne sais pas s’il existe des gens qui viennent voir de la Haute époque ou de l’archéologie et qui, en passant, achètent un tableau moderne. En tout cas, je n’en ai pas rencontré », rapportait Franck Prazan (Paris), qui a vendu deux peintures de Pierre Soulages. Sur le plan commercial, les exposants étaient partagés et l’un d’entre eux confiait qu’« aujourd’hui, être vu sur la foire importe plus ».

Légende photo

Le stand commun de Hauser & Wirth et Moretti Fine Art, Frieze Masters 2015. © Photo : Mark Blower/Frieze.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°444 du 30 octobre 2015, avec le titre suivant : Des mariages mieux assortis à Frieze Masters

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