BRUXELLES / BELGIQUE
La première édition de l’événement qui rassemblait les trois anciennes foires, Bruneaf, Baaf et Aab s’est close sur une note mitigée.
BRUXELLES - Le vernissage de la manifestation avait plutôt bien démarré le 8 juin, avec une météo clémente et un nombre correct de visiteurs, plus clairsemés en milieu de semaine. « Vu le contexte, je m’attendais à ce qu’il n’y ait personne mais finalement, ce n’est pas ce qui s’est produit », se félicitait Didier Claes, président de Bruneaf, qui a vendu une statue Teke pour plusieurs centaines de milliers d’euros. Plusieurs marchands se sont dits même étonnés de la présence d’acheteurs américains. « Non seulement ils étaient là, mais en plus ils étaient actifs. Je ne pensais pas en voir, mais c’est sans doute à cause de la remontée du dollar », notait Olivier Castellano (Paris). Il faut dire que l’essentiel du marché est à Paris et Bruxelles. Pas aux États-Unis. Un autre marchand était pourtant moins enthousiaste : « On ne voit pas grand monde. Il y a un manque de motivation et d’intérêt. »
Quant au ralliement des trois associations, Bruneaf (arts premiers), Baaf (archéologie) et Aab (arts asiatiques), « il va être bénéfique pour l’avenir. C’est une année de transition, mais le fait qu’il n’y ait qu’un seul catalogue et un seul logo va relancer l’événement, en perte de vitesse ces derniers temps », notait Martin Doustar qui montrait une étude préparatoire pour une estampe d’Utamaro, Japon (autour de 70 000 euros).
Un mélange des styles balbutiant
Les deux expositions organisées en arts premiers à l’Ancienne Nonciature ont remporté un vif succès, notamment la statuaire en terre cuite, bois et bronze du Mandé médiéval, qui s’est épanouie entre 700 et 1700 dans le delta du Niger moyen au Mali – 28 objets prêtés par une douzaine de collectionneurs à l’initiative de Bernard de Grunne. Quant à celle sur les Lobis, proposée par Serge Schoffel, elle a inspiré quelques exposants comme Olivier Castellano qui a apporté plusieurs pièces. « Cela permet d’élargir l’offre. Le Congo était le fonds de commerce des marchands bruxellois. Maintenant, les visiteurs de la foire veulent voir de tout ». Abla et Alain Lecomte avaient aussi emmené plusieurs sculptures lobis dont un couple du XIXe, aux teintes violacées (aux alentours de 38 000 euros). Les galeristes ont vendu quatre de leurs objets les plus importants. David Serra, qui soigne toujours sa présentation, exposait lui aussi deux sculptures Bateba Lobi dont une muséale, datant du XIXe, vendue. La galerie Sanne Nies (Pays-Bas) a tout de suite trouvé acquéreur pour une statue Dan (Côte d’Ivoire), probablement de la main du sculpteur Sra, de l’ancienne collection Jacques Blankaert. Les efforts paient. Si les marchands ne cachent pas leur impatience de rencontrer un nouveau public en croisant les spécialités, le mélange des genres est encore rare, mais surtout, il semble que le mouvement soit à sens unique. « J’ai vendu des pièces asiatiques à un collectionneur d’arts premiers », notait Martin Doustar « mais l’inverse n’est pas évident, car les arts premiers sont moins accessibles aux non initiés, alors que les objets asiatiques sont davantage reconnaissables », poursuivait-il. Pourtant, pour Patrick Mestdagh qui montrait « Back to war », une exposition sur les armes des cinq continents, « si le crossing n’est pas généralisé, en tout cas, il débute et le catalogue commun devrait l’y aider ».
Du côté des arts asiatiques, Jacques How Choong (Bruxelles) a vendu une dizaine d’objets et vu beaucoup de clients suisses, allemands, hollandais. « C’est important d’être à Bruxelles, car à Paris, il n’y a pas la même clientèle. Les deux foires sont complémentaires », soulignait le spécialiste qui présentait un thangka tibétain du XVIIIe siècle représentant le moine Kanakavatsa (autour de 100 000 euros). Carlo Cristi (Belgique) montrait une dizaine de textiles d’Asie Centrale du VIIe-VIIIe siècles, ainsi qu’un masque en or pré-tibétain dont seulement cinq sont connus dans le monde. Le marchand était en négociation pour un relief en grès, représentant la sainte famille de Siva, Inde, VIIIe siècle.
Concernant l’archéologie, les participants se disaient ravis de la fusion des foires. « Cela donne une dimension plus importante à l’événement. Faire une foire à dix, ce n’est pas porteur », commentait Dominique Thirion (Bruxelles) qui présentait une sculpture sumérienne (autour de 30 000 euros). La galerie Roswitha Eberwein (Allemagne) était, elle, venue avec un objet important, un faucon d’Égypte (aux alentours de 450 000 euros) et présentait également un masque funéraire, Égypte, période romaine, 160-180.
De l’avis général, le panier moyen se situait aux alentours de 10 000 euros. Certains marchands ont affirmé avoir vendu plutôt de petites pièces, entre 5 000 et 10 000 euros, quand d’autres rapportent qu’ils ont cédé surtout leurs pièces phare.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Cultures, un salon en rodage
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°460 du 24 juin 2016, avec le titre suivant : Cultures, un salon en rodage