Alors que la section asiatique de la 23e Bruneaf a pu finalement se tenir,
les marchands d’art tribal sont mécontents du niveau des transactions.
BRUXELLES - Ciel bleu et soleil étaient au rendez-vous pour cette 23e édition de Bruneaf (Brussels non european art fair). Le Grand et le Petit Sablon et les rues adjacentes, jalonnés d’affiches multicolores, avaient un petit air estival. Les marchands d’art tribal formaient le plus gros contingent (43), suivis par les professionnels de l’archéologie (16) et des galeries d’art asiatique (19 marchands). Lancée par le spécialiste d’art himalayen Carlo Cristi, Asian art in Brussels (AAB) est « la » nouvelle venue au Sablon. Elle prend le relais de Brussels oriental art fair qui avait été lancée en 2005 et a fermé ses portes l’an passé.
Quelques grands noms de l’art asiatique dont Gisèle Croës (Bruxelles) ont répondu présent, bien que sollicités tardivement. « Nous avons démarré au mois de janvier. La foire a été lancée en quelques mois », s’exclame Carlo Cristi, très fier de la bonne tenue de la manifestation et de la présence d’une belle brochette de grands collectionneurs.
Pour garantir à ceux-ci une offre de qualité, les organisateurs, tout comme ceux de Brussels ancient art fair (BAAF), ont mis en place un comité d’experts qui a examiné les pièces exposées. L’exigence d’authenticité était nettement moins poussée du côté de Bruneaf, où le comité d’expertise ne s’est penché que sur les objets présentés au catalogue. Main dans la main, AAB et BAAF ont mis sur pied un projet culturel très prisé du public baptisé Art Connoisseurs. Au programme : 25 conférences portant sur l’archéologie et les arts asiatiques.
Arts du Congo en tête
Côté art tribal, l’offre culturelle non marchande consistait en une exposition consacrée aux « joyaux Lega » du collectionneur Benoît Rousseau : un bel ensemble de 80 masques et objets rituels en bois, ivoire et os réunis dans les locaux de Millon et Petits papiers.
À Bruxelles, l’art du Congo triomphe, il est omniprésent : fétiche Teke et masque Pende chez Ambre Congo, statue d’ancêtre Hemba chez Olivier Castellano, couple de statues Sengele et statuette Beembe chez Didier Claes, statue masculine Yaka chez Kevin Conru… « Le public de Bruneaf adore les objets du Congo. Nous en France, nous préférons le Gabon », s’amuse Véronique du Lac de la galerie Alain Bovis. Cette année au Sablon, la fréquentation a été un peu moins importante que d’habitude. Le public belge, flamand et hollandais était fidèle au rendez-vous. Quelques Allemands et Scandinaves également, mais les Français et les Américains, étaient, eux, moins nombreux. À Bruneaf, la plupart des objets se négocient entre 1 000 et 10 000 euros. Et les transactions dépassent rarement le seuil des 30 000 euros. Pierre Dartevelle, installé ruelle Saint-Jacques depuis 1967, a cédé notamment une belle tête Ifé pour 14 000 euros, Olivier Larroque, un masque Yaouré de Côte d’Ivoire pour 28 000 euros.
Mécontentement
« Les collectionneurs présents à Bruxelles ne viennent pas avec des budgets d’acquisitions aussi élevés qu’à Paris, lors du Parcours des mondes », constate le galeriste Lucas Ratton. En outre, cette année, les grands collectionneurs, Belges mis à part, se sont faits plus rares. Ces défections sont-elles à mettre sur le compte du contexte économique ? Ou bien du changement de calendrier des grandes ventes publiques parisiennes d’art d’Afrique et d’Océanie reportées au 18 et 19 juin, dix jours après Bruneaf, pour mieux cueillir les amateurs au retour d’Art Basel ? « Les grands collectionneurs se concentrent de plus en plus sur le Parcours des mondes. Bruneaf est très convivial et très sympathique, mais c’est devenu une auberge espagnole. Il faut tendre vers plus de qualité pour lutter contre les machines de guerre que sont Christie’s et Sotheby’s », tonne Renaud Vanuxem.
« Le niveau n’était pas au top », observe de son côté Maine Durieu. À Bruxelles début juin, le climat était à l’insurrection dans le petit monde des marchands d’art tribal. Une pétition circulait pour demander des changements tant dans l’organisation de la manifestation que dans la composition du bureau. Une pierre lancée dans le jardin de Pierre Loos, le fondateur et président de Bruneaf, critiqué pour sa gestion jugée trop rigide et peu participative. « Nous allons modifier notre règlement intérieur afin de renforcer l’exigence de qualité. Certains objets n’ont pas leur place à Bruneaf », se défendait Pierre Loos le lendemain de la clôture du salon.
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Avis de coup de vent sur Bruneaf
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Abonnez-vous dès 1 €Figure féminine, Songye, R.D. du Congo, milieu du XIXe siècle, 33 cm. - © Photo Charles Meur, courtesy Congo Art, Bruxelles.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°394 du 21 juin 2013, avec le titre suivant : Avis de coup de vent sur Bruneaf