Après une année de frilosité, le marché new-yorkais semble redémarrer
pour certaines galeries. Le commerce a été disparate sur l’Armory Show.
NEW YORK - De nos jours, il est devenu difficile aussi bien de définir des tendances générales, que d’anticiper l’avenir. Le marché de l’art épouse de plus en plus les aléas de la navigation, avec ses courants et ses contre-courants, ses conditions générales et ses effets de site.
En fonction de leurs choix, certains marchands sont à l’arrêt, d’autres en mouvement. Ce phénomène était patent sur la foire de l’Armory Show organisée du 4 au 7 mars à New York. Une édition très mauvaise, où le meilleur, comme les paysages de Paul Pfeiffer portant sur l’idée de l’absence présentés chez Carlier Gebauer (Berlin) ou le solo show de Rina Banerjee chez Nathalie Obadia (Paris), tentait de surnager au milieu des resucées de la peinture allemande et des stands brouillons surchargés de petites pièces colorées.
Tout comme les organisateurs de la foire, la plupart des exposants avaient fait du remplissage. Or ceux qui s’étaient fendus de projets spécifiques ou d’expositions monographiques furent les plus chanceux. Pour Matthias Arndt (Berlin), lequel a fait sold out avec Ena Swansea, l’énergie était de retour. Les Américains aussi.
La boulimique Beth Rudin DeWoody a emporté une œuvre de Nari Ward chez Lehmann Maupin (New York). De son côté, la conseillère Patricia Marshall a acheté chez Hauser & Wirth (Zurich, Londres, New York) une toile de Wilhelm Sasnal pour le collectionneur David Roberts. Baronian-Francey (Bruxelles) a vendu une toile de Chris Johanson au consultant hollandais Paul van Esch. Son confrère Sies Höke (Düsseldorf) avait pour sa part cédé le solo show de Kris Martin avant la foire à Charles Saatchi.
Sensibles à la mode
Hervé Loevenbruck (Paris) a quant à lui conclu la vente de l’Hôtel Everland de Sabina Lang et Daniel Baumann. Les collectionneurs restent encore sensibles à la mode, d’où l’engouement inexplicable pour Will Fowler chez David Kordansky (Los Angeles), ou à la prise de risque.
Qu’on apprécie ou non l’artiste Adam McEwen, le stand entièrement jaune conçu autour des variations de perception, concocté pour la galeriste Nicole Klagsbrun (New York), était pertinent. « Personne ne regarde rien sur les foires, les œuvres sont comme des voitures d’occasion, nous a-t-il confié. Alors essayons de stopper les gens pendant quelques secondes. » Tel était aussi le propos de la foire off The Independent, organisée par The Hotel (Londres) et Elizabeth Dee (New York). « C’est le moment de faire quelque chose de différent comme autrefois The Unfair Fair à Cologne ou Gramercy à New York.
Quand le marché est plus calme, les gens veulent regarder et réfléchir à un autre rythme », soulignait Darren Flook, directeur de The Hotel. Si toutes les œuvres n’étaient pas enthousiasmantes, loin s’en faut, le format de l’événement permettait aux visiteurs et aux œuvres de respirer. Et une bonne respiration facilite l’achat, comme a pu le constater Sutton Lane (Paris). Mais la rigueur n’est pas toujours porteuse. Étrangement, certaines bonnes galeries comme In Situ (Paris) se sont tournées les pouces à l’Armory. Le marché a ses raisons que la raison ignore.
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Attirer l’attention
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°321 du 19 mars 2010, avec le titre suivant : Attirer l’attention