L’heure est aux interrogations et aux remises en question pour plusieurs start-up Internet spécialisées dans la vente en ligne d’objets d’art. C’est le cas d’artnet, qui, après avoir licencié, abandonne le haut de gamme pour les multiples, ou de circleline qui propose des services personnalisés à ses clients comme la vente à l’essai.
LONDRES (de notre correspondante) - Moins de deux ans après sa création, artnet met en place un “programme de réduction de ses coûts” qui devrait se traduire par le licenciement de 18 membres du personnel (17 % des effectifs) qui permettra de réduire de 11 millions de dollars le déficit annuel enregistré par le site. Hans Neuendorf, son président fondateur, prévoit que la société sera bénéficiaire dès le quatrième trimestre de l’exercice 2001. Autre revirement : Neuendorf abandonne l’idée de vendre en ligne des œuvres de grande valeur comme les tableaux pour se concentrer sur les estampes et la photographie.
Artnet a réalisé sa première vente en 1999, qui proposait notamment des œuvres de Warhol, Chagall et Lichtenstein. La plus forte enchère est allée à une toile de Lucio Fontana, qui est partie à 168 000 dollars, l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue sur Internet.
Entretemps, des centaines de sites de ventes en ligne d’œuvres d’art ont vu le jour, encouragés par l’essor fulgurant de sociétés de financement de capital-risque et par une économie américaine en pleine santé. L’effondrement du Nasdaq en avril dernier, accompagné par la difficulté croissante de lever du capital-risque et de la disparition de nombreux sites qui avaient fait leur apparition quelques mois plus tôt seulement, comme sothebys.amazon.com, ont modifié la donne.
Les photographies et les estampes se vendent le mieux
En règle générale, les œuvres chères (plus de 50 000 dollars) ne trouvent pas acquéreur sur Internet. Les acheteurs ne sont pas prêts à investir des sommes d’argent importantes dans des œuvres qu’ils ne peuvent pas examiner de visu. Restent les photographies, les estampes, les créations de design moderne et contemporain et les objets pour collectionneurs qui de toute évidence, sont les plus prisés.
“Nos revenus les plus importants sont générés, et de loin, par la vente de photographies et d’estampes. Les pièces qui ont obtenu les meilleurs résultats de vente sont, par exemple, Campbell Soup, de Warhol, qui s’est vendu 64 000 dollars, ou encore Faune dévoilant une femme, de Picasso, parti à 46 000 dollars”, souligne Grace Schalkwyk, directrice du département financier d’artnet.
Tout porte à croire que la demande d’œuvres d’art et d’objets de collections en ligne ne va cesser d’augmenter. Jupiter Communications, société d’études de marché sur Internet, prévoit que le marché de vente en ligne d’œuvres d’art et d’objets de collection, estimé à 300 millions de dollars en 2000, atteindra 1,8 milliard de dollars d’ici à 2005. Mais une incertitude demeure quant à la gamme de prix de ces œuvres. Malgré la spécialisation de Bernard Arnault, son actionnaire principal, dans le monde des produits de luxe, Icollector a choisi, lui, dès le départ de viser le marché des produits de moyenne gamme.
Du 7 à 15 janvier, le site proposera 10 images de Marilyn Monroe, photographiée deux semaines avant sa mort par le photographe d’Hollywood Bert Stern, estimées 90 000 à 110 000 dollars. Une approche différente de celle de circleline, portail hébergeant quelque 600 marchands d’art et antiquaires. “Notre fonction première est de réunir marchands et acheteurs, et non pas de vendre des œuvres d’art sur Internet. L’un de nos services le plus apprécié est notre politique d’accord après trois jours de réflexion ; en effet, les acheteurs peuvent essayer les meubles et œuvres d’art dans leur intérieur avant de prendre une décision ferme d’achat”, précise Natasha Pearl, directeur du marketing du site. Le prix moyen d’une œuvre vendue sur ce site avoisine les 26 000 dollars, bien que les tableaux de maîtres anciens obtiennent des résultats nettement plus élevés. Circline vient de “se réorganiser et de procéder à une réduction de personnel afin de limiter les coûts d’exploitation et d’avancer la date à partir de laquelle [elle] générera des bénéfices”. En octobre dernier, elle a obtenu, pour son deuxième tour de table, 13,2 millions de dollars qui lui ont été versés par six investisseurs.
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Artnet change son fusil d’épaule
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°118 du 5 janvier 2001, avec le titre suivant : Artnet change son fusil d’épaule