« De nombreux collectionneurs aujourd’hui ont cette envie de mettre l’art au premier plan et de sortir de ces foires élitistes dont beaucoup sont devenues des clubs privés qui montrent les mêmes choses et où l’on n’a plus de surprises. Art Paris établit entre galeries et amateurs un lien privilégié qui met en avant ce qui est important dans une foire : elles devraient être un lieu de découverte qui vous inspire et montrer que l’art appartient à tout le monde et n’est pas seulement lié à de grosses sommes d’argent. »
Cette profession de foi volontariste n’émane pas de l’un des membres de l’équipe aux commandes d’Art Paris Art Fair, mais du collectionneur strasbourgeois Jean-François Keller. Certes l’homme n’est pas complètement étranger à l’entreprise puisqu’il a accepté cette année d’intégrer le comité de sélection de la 18e édition du salon, qui se tiendra du 31 mars au 3 avril au Grand Palais. Notable et louable est cette initiative d’inviter pour la première fois à faire partie de son comité une personnalité qui ne soit pas galeriste, tant l’organisation des foires semble toujours souffrir d’endogamie. Quelques ouvertures apparaissent cependant ici et là, montrant que d’autres modes de réflexion et d’organisation sont possibles, ou en tout cas à envisager.
Nouveaux ralliements
Poursuivant dans la veine désormais identifiée d’un « art contemporain classique » qui laboure des territoires souvent oubliés par les principales manifestations commerciales, Art Paris Art Fair entend toujours proposer une offre différente. Parmi les 143 exposants – un chiffre constant puisqu’ils étaient 144 en 2015 – en provenance d’une vingtaine de pays, il n’est pas anodin que près de la moitié d’entre eux soient français et que quinze soient installés en régions, à l’exemple de Claire Gastaud (Clermont-Ferrand), des marseillais Najuma et Gourvennec Ogor, d’Oniris (Rennes) ou de la jeune enseigne Xenon (Bordeaux). Le salon enregistre cette année quelques nouveaux ralliements d’acteurs importants de la place de Paris, tels Françoise Paviot, Éric Dupont, RX, Pascal Lansberg ou Magnin-A.
L’ouverture géographique se caractérise par l’arrivée d’un exposant azerbaïdjanais (Yay Gallery, Bakou) ainsi que de deux enseignes colombiennes (La Balsa Arte à Bogotá et NH Galería à Cartagena de Indias) et d’une iranienne (Silk Road Gallery, Téhéran). Rassurant est en outre pour le salon le fait qu’il soit parvenu à s’assurer dans le temps la participation de galeries étrangères solides et déployant généralement une belle offre, telles 10 Chancery Lane (Hongkong) ou Kálmán Makláry (Budapest).
« Promesses », secteur essentiel mais néanmoins assez – voire parfois très – faible, dévolu aux jeunes pousses, est reconduit. Il accueillera cette année douze galeries parmi lesquelles Bildhalle (Zurich), Béa-Ba (Marseille) ou Valérie Delaunay (Paris).
Lancé en 2015, le secteur « Solo Show » réunit cette année vingt participants : « Par rapport à la surcharge d’informations des galeries, les collectionneurs apprécient beaucoup une présentation monographique et de ne pas être sollicités par cinquante choses sur un stand de 50 mètres carrés, même si cela représente une prise de risque supplémentaire pour les exposants », assume Guillaume Piens, le directeur du salon. Il sera possible d’y retrouver les œuvres de Geneviève Claisse (Fleury, Paris), de Katinka Lampe (Les Filles du Calvaire, Paris) ou de Claudine Drai (Galerie 111, Paris).
Après deux focus réussis sur la Chine et Singapour, la Corée est cette année à l’honneur (lire p. 28), avec une sélection orchestrée par la commissaire Sang-A Chun. Si huit galeries coréennes (Gana Art, 313 Art Project, UM Gallery…) sont conviées, il sera possible de découvrir des artistes du pays du Matin-Calme chez une vingtaine d’enseignes occidentales, comme Maria Lund (Paris) ou Flowers (Londres).
L’édition 2015 avait fait montre d’une nette amélioration globale sur le plan de l’image et de la qualité ; Art Paris Art Fair doit transformer l’essai et poursuivre dans cette voie si elle veut parvenir à s’imposer durablement comme une alternative crédible face aux rouleaux compresseurs du marché.
Direction générale : Julien et Valentine Lecêtre
Commissaire général : Guillaume Piens
Nombre d’exposants : 143
Prix du stand (section générale) : 499 € HT le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2015 : 55 735
Titre de l'article dans le Jda n°453 : « Art Paris Art Fair trace son sillon classique tout en s’ouvrant à l’ailleurs »
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Art Paris trace son sillon classique tout en s’ouvrant à l’ailleurs
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Abonnez-vous dès 1 €Du 31 mars au 3 avril, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, www.artparis.fr, les 31 mars et 2 avril 11h30-20h, le 1er avril 11h30-21h, le 3 avril 11h30-19h, entrée 25 €.
Les articles du dossier : Salons du Printemps Paris 2016
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Art Paris trace son sillon classique tout en s’ouvrant à l’ailleurs