Foire & Salon

FOIRE D’ART CONTEMPORAIN

Art Paris aborde sa 27e édition avec confiance

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 27 mars 2025 - 872 mots

PARIS

La foire revient au Grand Palais dans un contexte économique tendu. Ses organisateurs misent sur la fidélité des collectionneurs régionaux tout en assumant la montée en gamme des prix sur de nombreux stands.

Paris. C’est la première édition d’Art Paris sous la verrière du Grand Palais rénové. L’écrin est prestigieux mais peut-il faire oublier le contexte économique peu porteur dont les galeries souffrent depuis plusieurs mois ? « Il y a une inquiétude, bien sûr, mais je pense que notre positionnement est solide, adossé à un marché français qui compte de nombreux collectionneurs impliqués, dont beaucoup viennent de région. Si les spéculateurs font défaut, ces passionnés restent et ils ont des budgets en phase avec l’offre intermédiaire que propose la foire, entre 5 000 et 50 000 euros », estime Guillaume Piens, son commissaire général, qui se veut rassurant. Est-ce sous l’effet d’un optimisme collectif ? La montée en gamme d’Art Paris s’accompagne d’une augmentation significative des prix : ce sont plus de 25 stands qui proposent sur cette édition des œuvres au-delà de 100 000 euros.

La foire rassemble 170 exposants, soit une trentaine de plus que l’année précédente. Son contrat avec le Grand Palais ne l’obligeant pas à louer la totalité des 20 000 m2 du bâtiment, Art Paris occupe uniquement la nef et les balcons (ni les galeries de l’étage ni celle du rez-de-chaussée). Ce format lui permet de se montrer sélective, d’autant que les tarifs des stands ont légèrement augmenté depuis 2024 – de 695 € le m2 à 730 € le m2.

Des marchands comme Templon, Claude Bernard, Lelong & Co investissent les plus grands espaces, autour de 100 m2. Parmi les galeries établies désormais fidèles au rendez-vous, on retrouve aussi Loevenbruck, Michel Rein, Almine Rech … ou encore la Galleria Continua qui n’a pas tranché entre les hauts-reliefs colorés de Daniel Buren (Cascade, Prismes et miroirs, 2022) et la vison tragique de Zhanna Kadyrova (Refugees, 2024). Mennour revient sur la foire, de même que Semiose, dont le stand se signale par la présence d’une haute sculpture en grès de Stefan Rinck (Mistral Boys, 2021, entre 100 000 et 150 000 €).

Plus de la moitié des galeries participantes sont basées en France. « Nous sommes là pour défendre la scène française, cela nous définit et nous différencie de nos concurrents », rappelle Guillaume Piens. Art Paris semble cependant avoir gagné en attractivité auprès des galeries étrangères ainsi qu’en témoignent les participations de Sabrina Amrani (Madrid), Lange + Pult (Zurich, Genève), Rüdiger Schöttle (Munich), Tang Contemporary (Beijing)… Habituée de Tefaf Maastricht, de Frieze Masters et d’Art Basel Hong Kong et Miami, Waddington Custot présente pour sa part des œuvres de Barry Flanagan, Wifredo Lam, et Fabienne Verdier (dans une gamme de prix supérieurs à 100 000 €). Mais la galerie londonienne vient également avec une série de petites œuvres sur papier de Jean Dubuffet provenant d’une collection privée, et dont les prix seront inférieurs à 15 000 euros. Et c’est le secteur Promesses, dédié à la création émergente et installé sur les balcons Sud, qui rassemble le plus de galeries étrangères de toutes provenances. Parmi les 25 jeunes galeries sélectionnées figurent des structures originaires d’Afrique du Sud, du Canada, de Chine, du Koweït, du Japon, du Guatemala qui font leurs premiers pas sur une foire parisienne.

Un secteur art moderne bien installé

Une trentaine de galeries environ montre de l’art moderne, comme A&R Fleury, chez laquelle on remarque entre autres une grande peinture sur papier de Sam Francis, Hélène Bailly, dont l’accrochage a pour thème la figure et son effacement – de Zadkine à Soulages – mais aussi Lahumière, concentrée sur l’abstraction géométrique, ou encore Zlotowski qui présente des œuvres inédites en foire de Sonia Delaunay (une grande mosaïque), et d’Otto Freundlich (un pastel « rarissime ») ainsi qu’une toile de Georges Valmier, le clou du stand. Celui-ci comporte également un cabinet de collage autour de l’artiste américaine Hannelore Baron, avec des œuvres de Kurt Schwitters, de Pierrette Bloch et de Le Corbusier (de 10 000 € à 350 000 €). À côté de ses piliers de la foire, on retrouve le jeune galeriste Jules Boquet, qui revient pour la deuxième année consécutive avec un panaché d’œuvres des avant-gardes de la première partie du XXe siècle : cubisme, futurisme dada et surréalisme, dont une belle Nature morte à la cruche (1909) d’Auguste Herbin (120 000 €). Cependant le second marché n’est plus l’apanage des spécialistes, plusieurs stands pratiquant des accrochages mixtes. Pauline Pavec fait ainsi dialoguer des toiles de l’impressionniste française Marie Bracquemond (1840-1916) en regard avec des peintures de Flora Moscovici. La foire compte 26 solos et présente un nouveau secteur consacré au design et aux arts décoratifs, en partenariat avec l’association French Design : scénographié par les architectes Jakob + MacFarlane, il réunit près d’une vingtaine d’architectes d’intérieur, de designers, d’éditeurs et de galeries spécialisées.

En cette période incertaine, le rendez-vous suscite, c’est sûr, beaucoup d’attente de la part des exposants, dont beaucoup sont tentés d’accrocher le plus d’œuvres possible. Une propension vis-à-vis de laquelle la direction de la foire assure être vigilante. « Nous les sélectionnons sur leurs projets et nous leur demandons des accrochages cohérents, affirme Guillaume Piens. On doit lutter contre une tendance à vouloir trop montrer. »

ART PARIS,
du 3 au 6 avril, Grand Palais, 7, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°652 du 28 mars 2025, avec le titre suivant : Art Paris aborde sa 27e édition avec confiance

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