KARLSRUHE / ALLEMAGNE
La 17e foire d’art moderne et contemporain allemande présente une offre pléthorique et disparate, très centrée sur la sculpture.
Karlsruhe (Allemagne). Dans la petite ville du land de Bade-Wurtemberg, avoisinant la France et la Suisse, Art Karlsruhe, qui a ouvert ses portes du 13 au 16 février, est une foire singulière, où les goûts et les tendances ne sont résolument pas les mêmes que dans les autres rendez-vous d’art contemporain. On pourrait éventuellement la rapprocher d’Art Up! à Lille ou de St-Art à Strasbourg, où exposent des marchands de qualité très diverse.
Contrairement à sa voisine St-Art (76 exposants), Art Karlsruhe a attiré cette année 210 marchands – un chiffre stable puisque l’édition 2019 en comptait 208. L’offre étant inégale et le parc d’exposition immense – 35 000 m2, soit cinq terrains de foot –, le visiteur peut être noyé.
La foire est répartie en quatre halls ; le premier propose essentiellement des multiples, les halls 2 et 3 sont consacrés à l’art moderne classique et l’art contemporain, tandis que le hall 4 est tourné vers une scène plus émergente. On y rencontre essentiellement des galeristes allemands (70 %). Malgré sa situation frontalière avec la France (à 1 heure 15 de Strasbourg), moins d’une dizaine de marchands de l’Hexagone ont fait le déplacement.
Si la manifestation peut se targuer d’attirer un nombre important de visiteurs, environ 50 000 – la Fiac en annonce 75 000 et St-Art environ 20 000 –, le commerce y est « variable d’une année à l’autre, mais les prix des stands sont moitié moins chers qu’à St-Art », explique le galeriste Jean Greset. Signe que le rendez-vous se veut accessible : une grande partie des marchands affichent les prix sous les cartels, ce qui ne se fait ni à Art Basel ni à la Fiac.
Les œuvres y sont diverses, aussi bien au niveau du style que de la qualité. 220 euros pour une statue discutable d’un carlin rose fushia d’Ottmar Hörl (Art 28, Tübingen), plus connu pour ses nains au doigt d’honneur, 126 000 euros pour un volume en acier de l’Espagnol de renom Jaume Plensa (Galerie Scheffel, Bad Homburg) ; il y en a pour tous les goûts.
Si les médiums sont variés avec, notamment, des lithographies et sérigraphies de Julian Schnabel ou d’André Masson, des photographies de Robert Longo, et beaucoup d’œuvres sur toiles d’artistes plus ou moins connus, l’essentiel de la proposition se compose de sculptures. « En Allemagne, il y a une appétence pour la sculpture qu’il n’y a pas en France. Il suffit de regarder le pays, il y en a partout dans les rues », souligne Jean Greset, venu avec des volumes en acier d’Ernst Günter Herrmann.
À quelques allées d’écart, le stand d’Anna Laudel (Istanbul, Düsseldorf) méritait que l’on s’y attarde pour les marbres incrustés de tapis du Turc Ramazan Can. Le volume s’y décline sous toutes ses formes, comme en témoignent les surprenantes et absurdes sculptures murales, Vision Machine de Björn Schülke se jouant des nouvelles technologies. Voire des dessins de sculptures, comme celle du maître des arcs en acier, Bernar Venet.
La Galerie GNG (Paris) avait pris un espace supplémentaire pour montrer les possibilités qu’offre ce médium, avec une exposition personnelle de Martin Hollebecq (voir ill.), qui travaille la pierre bleue de Belgique. Une des particularités de la manifestation est d’allouer une vingtaine d’espaces à des expositions personnelles de sculpteurs – en plus des marchands ayant pris le parti d’en montrer. Dans ces espaces, les œuvres sont de formats imposants comme la voiture pop de Heiner Meyer (Galerie Barbara von Stechow, Francfort) ou les oiseaux de Matthias Garff (Galerie Tobias Schrade, Ulm). Disséminés dans toute la foire, ces solo shows permettent d’aérer la visite, et, au regard du nombre d’exposants, cela est appréciable.
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Art Karlsruhe, une sélection inégale
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°540 du 28 février 2020, avec le titre suivant : Art Karlsruhe, une sélection inégale