DUBAI - Malgré leur inexorable standardisation, les foires sont toujours imprégnées de l’esprit de la ville qui les accueille. Celle de Dubaï (20 au 23 mars) affichait un cosmopolitisme réjouissant conjugué à un esprit entrepreneurial qui repose de la vieille Europe.
Avec un coût de la vie relativement bas, une fiscalité nulle et un environnement étonnamment agréable, Dubaï est un peu la Suisse de la région. De sorte qu’aux riches Indiens et Iraniens installés depuis longtemps sont venus s’ajouter les expatriés occidentaux en quête d’argent facile et les fortunés du Moyen-Orient fuyant l’instabilité de leur pays. Sans compter bien sur les Émiratis, par définition riches.
Une sélection tournée vers l’Orient
Et miracle, tous ces acheteurs potentiels sont moins intéressés par les artistes occidentaux habituels que par « leurs » artistes régionaux. L’atmosphère est ainsi résolument orientale, même les galeries européennes qui représentent pourtant près de la moitié des exposants, sont venues, pour la plupart, avec au moins un artiste iranien, irakien, indien ou chinois. La galerie Hussenot a ainsi très vite vendu deux panneaux (Intersections) du Franco-Marocain Mounir Fatmi, Véronique Jaeger a de bonnes pistes pour deux sculptures (Spaces to Hide) de l’Indienne Zarina Hashmi, tandis qu’Almine Rech jouait carrément la sécurité en exposant un ensemble de pièces supposées conceptuelles de la star locale Hassan Sharif. Pour sa part, la galerie viennoise Krinzinger a cédé un exemplaire de la très connue série « Evolution of Man » du Saoudien Ahmed Mater. Naturellement les galeries régionales, à commencer par celles de Dubaï (une dizaine parmi la quarantaine que compte la ville) étaient en phase avec les attentes de leurs clients. Ainsi AYYAM, le petit Gagosian de la région, exposait (et a vendu) New Guernica, faible écho des malheurs des pays arabes du Syro-Palestinien Oussama Diab. La programmation portait d’autant plus les couleurs du Moyen-Orient que la foire ouvrait une fenêtre sur la scène ouest-africaine dans sa section dite « commissariée » Marker, réservée aux oeuvres commanditées. Du coup, les solo show de Karen Knorr (Tasveer, Inde) et de Yayoi Kusama (Victoria Miro, Londres) prenaient un relief particulier.
Pas de coup de folie
Un autre préjugé doit être très vite oublié, tous ces acheteurs sont riches, mais pas flambeurs. Les transactions se situent en moyenne entre 15 000 et 30 000 euros. D’ailleurs, selon Antonia Carver la directrice de la foire, la valeur totale des œuvres exposées ne dépasse pas 31 millions d’euros, soit une moyenne de 440 000 euros par exposant. Et si l’on exclut la pièce la plus chère de la foire, la maquette de la sculpture de Calder installée devant la gare de Grenoble mise en vente 6 millions d’euros par la Pace Gallery ou les sept sculptures gothiques de Wim Delvoye proposées dans un décor de boiseries syriennes du XIXe siècle pour la bagatelle de 2,5 millions d’euros, la moyenne est bien plus basse.
Le bouche-à-oreille positif, et la tenue concomitante de la Biennale de Sharjah (adjacente à Dubaï) ont provoqué un afflux de « VIP » occidentaux. De nombreux amis de musées et de curateurs (400 selon les organisateurs) ont ainsi fait le déplacement contribuant à cette animation cosmopolite. Ce n’était d’ailleurs pas le même public qui s’est rendu à la foire Design Day Dubaï, dont la deuxième édition se tenait à quelques kilomètres de là, au pied de la célèbre Burj Khalifa, la tour la plus haute du monde. Une trentaine de galeries y exposaient du mobilier et des objets contemporains, certaines à la frontière de l’art contemporain comme Carpenters Workshop. La Galerie Nationale, installée à Dubaï était la seule à mettre en avant (un peu) de mobilier moderniste.
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Art Dubaï joue la carte régionale
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Abonnez-vous dès 1 €New Guernica, Oussama Diab, 250 x 570 cm, Ayyam Gallery, Courtesy de l’artiste et de la galerie
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°388 du 29 mars 2013, avec le titre suivant : Art Dubaï joue la carte régionale