Succès pour Art Basel, avec une fréquentation qui ne faiblit pas et un marché toujours très en forme, notamment pour les valeurs sûres.
BÂLE - « Heureusement qu’Art Basel tient bon, sinon c’est tout le marché qui s’effondre ! » Pessimiste Eva Presenhuber ? Pas vraiment au vu du niveau de transactions, que la galeriste zurichoise annonçait dès le premier jour comme très bon, enregistré lors de la 44e édition de la foire suisse qui s’est tenue du 14 au 16 juin. Mais transparaît néanmoins dans cette réflexion lucide la persistance d’une instabilité du marché de l’art. Certes celui-ci se porte bien – à des degrés divers – dans les principaux événements marchands, tout comme dans les ventes publiques qui agissent comme des écrans de fumée, mais au-delà les choses sont bien plus compliquées et tout le monde en est conscient. Mais Art Basel tient bon en effet, immuable repère dans l’économie de l’art mondialisée, où certains donnaient néanmoins des signes de fatigue, après l’enchaînement vertigineux des salons de printemps et de la Biennale de Venise, qui au vu de l’implication de plus en plus patente des marchands devient en quelque sorte une foire off dans le calendrier. Sur les 304 participants à la manifestation, 91 ont été de l’aventure de la première édition hongkongaise d’Art Basel. Certes les contextes sont différents et ne peuvent être abordés de manière identique, et il convient justement d’affûter ses stratégies en vue d’éviter des impressions de dilution ou de répétition.
Une clientèle exigeante
Sans être spectaculaire – même si Gavin Brown’s Enterprise (New York) a assuré une présence très dynamique avec un stand couvert d’une moquette élaborée par Martin Creed, que Taka Ishii (Tokyo) voyait son espace joliment découpé par un assemblage de panneaux portant des photos d’intérieurs par Yuki Kimura, ou que BQ (Berlin) avait installé ses sculptures en onyx de Bojan Sarcevic et ses vitrines de Matti Braun sur une estrade blanche lumineuse –, la foire avait toujours de quoi répondre avec de beaux arguments à une clientèle exigeante en quête, non de nouveautés, mais de valeurs sûres et de confirmations. Nulles découvertes à y faire cette année, d’autant que le secteur « Statement » s’est révélé particulièrement indigent, à l’exception notable du projet du Sud-Africain Kemang Wa Lehulere présenté par Stevenson (Cape Town, Johannesburg), fort heureusement déclaré vainqueur du prix La Bâloise. Ainsi que le relevait Nicholas Logsdail, fondateur de Lisson (Londres), « les collectionneurs traitent toujours Art Basel en priorité, même s’ils semblent s’y comporter moins frénétiquement qu’auparavant », une tendance amorcée dès l’an dernier. En plus du temps de réflexion ayant sensiblement augmenté, les amateurs ont évité les traditionnelles et désagréables bousculades grâce à l’organisation d’un très chic « champagne breakfast » le premier jour, permettant de les accueillir une heure et demi avant l’ouverture et de les voir ainsi se répartir vers les différentes portes d’accès au salon. Plus lent donc, le commerce est toutefois apparu très satisfaisant, dans toutes les gammes de prix. Alors que Thaddaeus Ropac (Paris, Salzbourg) a cédé un beau Rosenquist affiché à 2 millions de dollars, Cheim & Read (New York) s’est très vite défait d’un Joan Mitchell parti pour 6 millions. Des prix toujours très hauts, avec parfois des embardées étonnantes : 120 000 dollars demandés par Daniel Templon (Paris) pour un tableau de Kehinde Wiley, 150 000 pour Joe Bradley chez Gavin Brown ou 400 000 par David Zwirner (New York) pour une peinture de Mamma Andersson apparaissent élevées. Attention aux dérapages spéculatifs qui pourraient devenir des boulets à porter en cas de ralentissement du marché !
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Art Basel en belle forme
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°394 du 21 juin 2013, avec le titre suivant : Art Basel en belle forme