PARIS - La pratique est courante. Lorsqu’une exposition en institution est consacrée à un(e) artiste ou en présente des œuvres importantes, il est bienvenu de prolonger celle-ci par une exposition en galerie.
Les œuvres qui y sont montrées s’en trouvent valorisées, du fait de l’actualité et de la caution apportée par la grande institution publique. Tel est le cas, en ce moment, pour Ann Veronica Janssens, doublement montrée à Paris, dans le cadre de la manifestation événement « Dynamo » du Grand Palais et dans l’espace de la galerie Kamel Mennour, qu’elle a récemment rejointe et qui lui consacre sa première exposition en ses murs. Cette initiative est d’autant plus heureuse que tous les visiteurs de « Dynamo » n’auront pas eu la chance – étant donné la jauge qui limite strictement l’accès à la salle – de pouvoir pénétrer dans son spectaculaire environnement gazeux et lumineux du Grand Palais (Daylight Blue, Sky Blue, Medium Blue, Yellow, 2011). Qu’à cela ne tienne ! Il suffit de se rendre à la galerie Kamel Mennour pour découvrir un environnement d’un même type (Fantazy, 2013) et en faire l’expérience dans des conditions tout à fait exceptionnelles, idéales même, les expositions en galeries étant beaucoup moins fréquentées que celles organisées en institution. Cette pièce constitue le clou de la présentation, une occasion unique d’expérimenter le travail d’Ann Veronica Janssens, entre angoisse engendrée par la confrontation au silence et la perte des repères spatiaux et ravissement suscité par l’immersion au sein d’une création aussi forte.
États mouvants de la matière
D’autres œuvres – une longue poutre métallique en partie polie (IPE 650) qui reflète ainsi la lumière, deux autres poutres de verre coloré (April, vert d’eau, et May, rose), un aquarium (Clémentine) rempli d’un mystérieux liquide transparent — jouent des états mouvants de la matière entre le gazeux, le liquide et le solide, mais aussi des effets de lumière associés.
Ann Veronica Janssens est une artiste complète, certes passée maître dans l’environnement, mais ses préoccupations sont aussi celles d’une peintre quand elle plonge le spectateur dans la couleur : ses environnements magnifiques poursuivent les recherches de Rothko mieux que n’importe quel peintre. Chez les deux artistes, on retrouve la même vibration des couleurs, les mêmes effets de fondu. La pratique d’Ann Veronica Janssens relève également fondamentalement de la sculpture, qu’elle renouvelle avec une incroyable audace. Là où la sculpture se confronte presque toujours à la matière solide, elle sculpte le liquide en des cages de verre, elle emprisonne le brouillard dans une pièce et en travaille les contours. On imagine les essais multiples pour parvenir à la parfaite consistance, celle qui permettra d’expérimenter la couleur par le corps. Matière, lumière et couleur en une parfaite trilogie.
Nombre d’œuvres : 6
Prix : 25 000 à 100 000 €
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Ann Veronica Janssens - La vie en couleur
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Abonnez-vous dès 1 €Galerie Kamel Mennour, 47, rue Saint-André-des-Arts, 75006 Paris, tél. 01 56 24 03 63, www.kamelmennour.com, du mardi au samedi 11h-19h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°393 du 7 juin 2013, avec le titre suivant : Ann Veronica Janssens - La vie en couleur