PARIS
Annulée l’an dernier, la foire d’art contemporain et de design africain lance sa première édition, reflétant un marché en développement.
PARIS - Dans un contexte économique difficile, alors que les temps sont plutôt aux annulations, lancer une nouvelle foire relève de l’audace. C’est le pari de la jeune Victoria Mann qui inaugure Akaa (Also Known As Africa), une foire d’art contemporain et de design centrée sur l’Afrique, organisée du 11 au 13 novembre au Carreau du Temple. « Il s’agit d’une lecture globale de la scène artistique africaine. Nous proposons une plateforme fédératrice autour de l’Afrique », indique la directrice. Sont présentés des artistes africains, ou issus des diasporas, ou plus largement de toute nationalité travaillant en lien avec le continent. Tous les médiums sont représentés, de la peinture à l’installation, avec une large place consacrée à la photographie.
Initialement prévue l’an dernier en marge de la COP 21, la foire a été annulée en raison des attentats de novembre, à Paris d’abord, puis à Bamako. « Cela a été un important challenge de ne pas se faire oublier. Il a fallu aussi rassurer, la place de Paris n’étant pas sortie indemne de tout ce qui s’est passé. Financièrement, cela a été difficile, car nous avons tenu à rembourser intégralement tous les exposants. Le bon côté, c’est que nous sommes mieux préparés », confie Victoria Mann. Séparé avec quelques remous de son directeur artistique, Timothée Chaillou (parti avec quelques galeries dont Patricia Dorfmann), l’événement a accueilli cette année dans son comité d’experts aux côtés de Dominique Fiat, Simon Njami, directeur artistique de la Biennale de Dakar, et Elisabeth Lalouschek, en charge des ventes d’October Gallery (Londres).
Vers une reconnaissance de l’art africain
Trente galeries (dont près de 70 % avaient prévu de venir l’an dernier) de onze pays différents, ont répondu présent. Seule une petite moitié sont implantées en Afrique, avec une présence importante du Maghreb, mais aussi d’Afrique du Sud, où le marché de l’art se développe. André Magnin, spécialiste du domaine, n’a pas souhaité cette année non plus se joindre aux troupes, mais dix exposants sont français, dont la galerie lyonnaise Regard Sud qui présente une série de photos de Farida Hamak. La galerie marseillaise Polysémie amène des dessins de l’Ivoirien Frédéric Bruly Bouabré. La galerie de Robert Vallois, qui promeut la jeune scène africaine depuis 2012, présente ici les masques en céramique de Kossi Aguessy ou les sculptures en fil de fer de Rémy Samuz… Les visiteurs peuvent encore découvrir une pièce monumentale en acier et tôle de Naomi Wanjiku Gakunga (October Gallery, Londres), les tirages de Nabil Ayouch (Galerie 38, Casablanca) ou encore les pièces consumées de Fatiha Zemmouri. À noter, une importante programmation culturelle est proposée : cycles de conférences, tables rondes, film et performances d’artistes… Plus inhabituel, dans un espace marchand, des audioguides seront à disposition des visiteurs.
Un tremplin pour les artistes
« Nous souhaitons que la foire offre un tremplin commercial aux artistes et galeries, mais aussi qu’elle soit un espace de dialogue », commente la fondatrice. Dans la lignée de la galerie londonienne 1 : 54, l’événement intervient dans un mouvement global de reconnaissance de l’art contemporain africain. Ces derniers mois, Seydou Keïta était exposé au Grand Palais et la Fondation Cartier accueillait « Beauté Congo ». Ces dernières années, l’Afrique a vu se multiplier les événements artistiques, galeries musées et fondations sur son sol. Du côté des maisons de ventes, Bonhams organise désormais deux ventes par an dédiées à la création africaine, Piasa y a consacré plusieurs vacations et Sotheby’s inaugure sa première session au printemps prochain.
Pourtant,hormis une poignée d’artistes comme le Ghanéen El Anatsui, les prix restent encore très bas. « Cela permettra justement aux jeunes collectionneurs d’acheter », commente Victoria Mann. Mais maintenir l’art contemporain africain dans des événements spécifiques, lui, est-il vraiment bénéfique ? « Je pense qu’un jour, on en aura plus besoin. Une foire comme la nôtre est un tremplin. Avec plusieurs années, la diversité de structures et artistes pourra nous permettre d’évoluer vers quelque chose d’autre », prédit Victoria Mann.
Direction : Victoria Mann
Nombre de galeries : 30
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Akaa, vitrine d’un marché en devenir
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Abonnez-vous dès 1 €Du 11 au 13 novembre, Carreau du Temple, 4, rue Eugène Spuller, 75003 Paris, vendredi 11 et samedi 12, 11h-20h, www.akaafair.com.
Légende Photo :
Hassan Hajjaj M.U.S.A Large, 2009, tirage métallique lambda sur dibond et cannettes de Coca-Cola, avec cadre: 141 x 91 cm © Hassan Hajjaj. Courtesy Galerie d'Art L'Atelier 21
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°466 du 28 octobre 2016, avec le titre suivant : Akaa, vitrine d’un marché en devenir