1970, années métalliques

Au milieu des années 1960, la société Uginox propose à de jeunes créateurs de créer des objets en acier inoxydable. Ce sera le point de départ d’un renouveau dans la création, en complète rupture avec le tout-plastique Pop Art auquel on associe les seventies. La designer Maria Pergay crée avec ce matériau novateur un ensemble de meubles luxueux qui serviront de support à une campagne publicitaire ayant pour slogan : « L’acier, ce n’est pas toujours des casseroles. »
À son exemple, une constellation de créateurs s’emparera de l’acier pour concevoir des meubles de style : Michel Boyer, Françoise Sée, Pierre Folie, Serge Manzon, François Monnet, Patrice Mafféi, Joëlle Ferlande et bien d’autres. Grâce aux décorateurs, l’aventure du mobilier de métal se développera dans la haute décoration. Séduites par leur élégance dépouillée, des maisons comme Jansen et la galerie Maison et Jardin ont largement diffusé les meubles inédits en les associant avec du mobilier xviiie.

La difficile documentation
Éclipsés par la vague créatrice des années 1980, ces meubles reviennent au goût du jour depuis quelques années, grâce au travail des puciers et galeries, relayé par les salles de ventes. Ce marché connaît un engouement croissant au point que les amateurs ont tendance à acheter un peu n’importe quoi. Y compris des créations abusivement attribuées à tel ou tel designer. Le manque de documentation et de livres de référence (il faut chercher les modèles, créateurs et éditeurs dans les revues de décoration de l’époque) n’aide pas à y voir plus clair. Mais il est probable que dans un deuxième temps, ce marché s’écrème en écartant les pièces de qualité moyenne ayant connu une trop large diffusion.
Notons aussi que dans les années 1970, certains artistes se sont livrés à des incursions dans les arts décoratifs en privilégiant souvent le métal, à l’instar du mobilier anthropomorphe de Philippe Hiquily ou de Claude et François-Xavier Lalanne, des meubles version « ready-made » de Yonel Lebovici et des productions de François Arnal pour l’Atelier A. Ces toutes petites séries ou pièces uniques sont extrêmement appréciées à l’heure actuelle.