La gratuité des musées nationaux est un engagement de campagne, fort encombrant, du candidat Sarkozy.
Alors que les musées courent après l’argent, leurs directeurs voient avec effroi une ressource pouvant se tarir. Très embarrassé, le gouvernement a alors mis en place une expérience pilote auprès de 14 établissements. Les résultats sont attendus pour cet été. Deux critères détermineront l’éventuelle extension de la mesure aux musées nationaux : l’affluence et, plus encore, « la composition socioprofessionnelle » des visiteurs.
La gratuité des musées, un effet relatif
Côté affluence, la cause est entendue. On peut évidemment anticiper une augmentation momentanée du nombre de visiteurs. À Paris, la gratuité des musées municipaux, instaurée en 2002, a provoqué un pic de fréquentation suivi d’une baisse. Alors qu’il a accueilli 668 000 visiteurs en 2003, dont de nombreux touristes ravis de la bonne aubaine, le musée Carnavalet situé en plein centre historique n’en recevait plus que 486 000 en 2007 (en légère hausse cependant par rapport à l’année précédente). Le Petit Palais perd 28 % de visiteurs en 2007, même s’il est vrai que 2006 fut une année exceptionnelle en raison de la réouverture du musée. Le musée de Normandie et le musée des Beaux-Arts de Caen, dont les accès sont gratuits depuis plusieurs années aussi, enregistrent une baisse respective de 7 et 16 %.
Mais côté « composition socioprofessionnelle », il y a fort à parier que la part des nouveaux publics augmente peu. Car la démocratisation voulue par le gouvernement ne se joue pas tant sur le prix du billet que sur la communication et la médiation. Pour attirer les populations les plus modestes, il faut à la fois faire beaucoup de publicité pour espérer les toucher et soigner l’accompagnement de la visite afin de les décomplexer vis-à-vis de l’art souvent considéré comme étant difficile d’accès. Des dépenses supplémentaires qui s’ajoutent au manque à gagner de la billetterie : une équation impossible à résoudre.
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Les vrais enjeux de la démocratisation culturelle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°604 du 1 juillet 2008, avec le titre suivant : Les vrais enjeux de la démocratisation culturelle