NEW YORK (ETATS-UNIS) [12.01.15] – La compétition entre Sotheby’s et Christie’s pour obtenir des mandats de vente les oblige à accorder de nombreux avantages aux vendeurs. Parmi ces avantages, la garantie d’un prix minimum accordé au client est une pratique qui connaît une croissance fulgurante, analyse le New York Times.
L’argument est simple : afin de convaincre un collectionneur de leur confier la vente d’une de ses œuvres, il arrive que les maisons de ventes aux enchères lui proposent un prix minimum garanti. Si l’œuvre est adjugée au-delà de ce prix minimum garanti, le vendeur et l’auctioneer se partagent la portion excédante – qui se compte souvent en millions de dollars. Revers de la médaille pour la maison de ventes : si l’œuvre est adjugée en dessous du prix minimum garanti, l’auctioneer verse au vendeur la différence. Le procédé n’est pas sans risques et l’effondrement du marché en 2008 l’a bien montré : Sotheby’s a perdu 52 millions de dollars en une saison, en raison de prix minimums garantis non atteints lors des enchères, rappelle The New York Times. Car la décision d’accorder une garantie est un pari sur la capacité des experts à prédire le marché.
Le recours provisoire à des banques
Echaudées, au lendemain de la crise, les maisons de ventes aux enchères ont fait appel à des tierces parties – des organismes financiers – pour garantir les prix minimums. Mais très vite, elles ont voulu reprendre la main dans les négociations. Le rapport entre la part de risque supportée par les maisons de ventes aux enchères et les organismes financiers a été renversé entre 2010 et 2014 et la valeur des garanties octroyées a considérablement augmenté. Chez Christie’s par exemple, la maison assurait les deux tiers des garanties accordées pour les œuvres de la vente du soir d’art d’après-guerre et d’art contemporain qui s’est tenue en novembre 2014, alors qu’elle ne garantissait que le sixième pour la même vente en 2010.
Une source de profit
William Ruprecht, ex-PDG de Sotheby’s, avait déclaré en novembre dernier que « les garanties sur les enchères avaient été significativement bénéfiques pour la compagnie », constituant une véritable source de revenus. A l’automne dernier, Sotheby’s se serait engagée à garantir des prix minimums pour des œuvres dont la valeur représente 43 % des 422 millions de dollars récoltés par la vente d’art impressionniste et moderne new-yorkaise. Le Chariot de Giacometti, adjugé près de 101 millions de dollars au cours de la vacation, était par exemple garanti. Si les œuvres qui sont soumises à un prix minimum garanti sont signalées par un symbole dans le catalogue, les maisons de ventes ne communiquent pas sur le montant garanti. Les conditions de ventes de Christie’s précisent par exemple : « occasionnellement, Christie’s peut également avoir un intérêt financier sur le lot confié en vue de la vente. Cela comprend en particulier une garantie d’un prix minimum ou une avance consentie au vendeur sur le montant estimé du produit de la vente qui est garanti uniquement par les lots confiés ».
Le New York Times rappelle que, malgré la médiatisation de l’envolée des prix aux enchères, la marge réalisée par les maisons de ventes sur les œuvres phares est moindre, ce qui crée une pression financière énorme – qui aurait même conduit William Ruprecht et Steven Murphy, les deux anciens patrons de Sotheby’s et Christie’s, à démissionner. La pratique des prix minimums garantis serait une forme de compensation à la diminution voire à la suppression des frais vendeurs.
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Les adjudications avec prix garanti ne cessent d’augmenter aux Etats-Unis
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