Le tableau de Girolamo Romanino, finalement restitué à ses propriétaires légitimes, atteint un prix record chez Christie’s

Le Christ portant la Croix, point fort de la vente, a été réalisé en 1538 par un artiste italien de la Renaissance, Girolamo Romano, surnommé Romanino. L’œuvre a récemment fait l’objet d’une enquête portant sur l’identité de son propriétaire légitime. Il a finalement été établi que le tableau faisait partie de la collection de Federico Gentili di Giuseppe, homme d'affaires juif italien, décédé à Paris en avril 1940. L’invasion allemande ayant suivi de peu le décès du collectionneur, ses enfants ont été contraints de fuir, et la liquidation de la succession a été confiée à un administrateur provisoire. Les objets d’art ont ainsi été dispersés à Drouot contre leur gré.

D’après le site Il Sole 24ore, le tableau aurait fait partie de la collection privée d'Hermann Goering, avant de disparaître à la fin de la guerre. C’est en 1997 que l’œuvre refait surface, après avoir intégrée les collections de la Pinacothèque de Brera. Elle y fût exposée jusqu’à l’année dernière, puis prêtée temporairement en même temps qu’une cinquantaine d’œuvres au Borgan Museum (Floride), à l’occasion d’une exposition consacrée à la peinture baroque en Lombardie. Les autorités fédérales américaines demandèrent alors la mise sous séquestre du Christ portant la Croix, estimant que le tableau aurait appartenu à une famille spoliée sous l’Occupation. Le retour de l’œuvre aux héritiers du propriétaire d’origine a finalement été ordonné en avril dernier, par un tribunal américain.

En mai 1997, les héritiers de Federico Gentili di Giuseppe avait déjà déposé une demande de restitution de cinq tableaux italiens, alors conservés au Musée du Louvre à titre provisoire. En juin 1999, la famille avait obtenu l’annulation de la vente judiciaire de 1941, ainsi que la condamnation de l’État et du musée français, sur le motif que, le seul fait que la succession ait été vendue en l'absence des enfants, forcés de fuir la capitale occupée, suffisait à établir le principe d'une spoliation.

La vente de Christie’s New York du 6 juin 2012 a totalisé 12,5 millions de dollars (environ 10 millions d’euros), pour 61 % de lots vendus.