Construite autour du plus ancien manuscrit arthurien enluminé conservé par la ville, l’exposition de Rennes présente cartes à jouer et peintures préraphaélites pour montrer la survivance du mythe.
Littérature, opéra, objets d’art précieux, cartes à jouer, tableaux ou affiches de cinéma... Rares sont les disciplines artistiques à ne pas avoir été contaminées par les épopées des personnages tirés des légendes arthuriennes. Toutes ont été convoquées dans l’exposition rennaise, qui confronte volontairement ces créations d’époques et de médias différents, illustrant ainsi la force du mythe.
Le manuscrit de Rennes, le plus ancien exemplaire enluminé
Dans le domaine des arts visuels, la première œuvre connue est une mosaïque, datée de 1165, provenant de la cathédrale d’Otrante (Italie). Figurant Arthur livrant bataille à un monstre, le Chapalu, elle est présentée dans l’exposition par une copie. Quelques ivoires, notamment des pièces d’échiquier, mais aussi des valves de miroirs (sortes de boîtes à miroirs) et des broderies agrémentent ce répertoire d’objets médiévaux.
Jusqu’au XVe siècle, les principales sources iconographiques sont toutefois principalement cantonnées aux manuscrits arthuriens. La bibliothèque de Rennes Métropole en conserve le plus ancien exemplaire enluminé connu à ce jour (voir p. 77). Daté de 1220, il a été créé pour un commanditaire resté anonyme, mais la richesse de l’enluminure, constituée notamment de soixante-cinq lettrines historiées, indique qu’il devait s’agir d’un personnage de la haute noblesse.
Les studios Disney influencés par les dessins de Gustave Doré
À la fin du Moyen Âge et au début de la Renaissance, la figure du roi preux Arthur se diffuse très largement dans la sculpture, la fresque puis la gravure.
Le mythe déclinera sensiblement aux XVIIe puis XVIIIe siècles, avant de connaître un nouvel élan au xixe siècle, principalement en Grande-Bretagne. Les préraphaélites, dont sir Edward Burne-Jones, remettent au goût du jour les personnages arthuriens. En France, Gustave Doré livre quelques dessins qui inspireront, plus tard, les créateurs des studios Disney. Ces derniers populariseront le sujet grâce au film d’animation Merlin l’Enchanteur (1963), début d’une longue série d’exploitations du thème par le cinéma puis par la télévision.
En France, si aucun mouvement pictural ne se référera explicitement au mythe, quelques œuvres éparses témoignent de sa persistance, tel un étonnant tableau « abstrait » de Charles Lapicque, daté de 1953.
Pourquoi cette exposition ?
Le 22e congrès de la Société arthurienne, qui réunit des universitaires, devait se tenir cette année à Rennes. À cette occasion, nous avons souhaité exposer le plus ancien manuscrit arthurien enluminé, que la bibliothèque de Rennes Métropole a la chance de conserver.
L’histoire du roi Arthur est-elle un mythe ou une réalité ?
Les chroniqueurs se sont interrogés dès le XIIIe siècle et, aujourd’hui encore, les sources nous manquent pour être affirmatifs. La légende s’est toutefois appuyée sur des réalités historiques. Arthur aurait existé entre le Ve et VIe siècle. Il aurait été soit un chef de bande breton luttant contre les invasions saxonnes, soit un légionnaire romain.
Pourquoi un tel succès ?
L’inachèvement du Conte du Graal va être à l’origine d’une multiplicité d’interprétations et de suites possibles. C’est la naissance du mythe arthurien qui va inonder la littérature européenne et qui plaît, car il véhicule des thèmes universels.
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Le roi Arthur vu à travers les arts
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Abonnez-vous dès 1 €« Le roi Arthur, une légende en devenir », jusqu’au 4 janvier 2009. Commissariat : Sarah Toulouse et Patrick Absalon. Les Champs Libres, 10, cours des Alliés, Rennes. Du mardi au vendredi de 12h à 19h, le samedi et dimanche de 14h à 19h, nocturne le mardi jusqu’à 21h. Tarifs : 4 € et 3 €.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°605 du 1 septembre 2008, avec le titre suivant : Le roi Arthur vu à travers les arts