Le MUS de Suresnes a ouvert ses portes

Des cubes blancs emprisonnent le bâtiment ferroviaire de brique rouge dans un iceberg : le Musée d’Histoire Urbaine et Sociale (MUS) de Suresnes, qui a ouvert ses portes le 8 juin 2013 dans la gare réhabilitée de Suresnes-Longchamp, fait une curieuse impression.

Inaugurée lors de l’exposition universelle de 1889, désaffectée dans les années 1980 après avoir accueilli logements et boutiques pendant des décennies, la gare a été acquise en 2004 par la Ville pour y installer son Musée municipal d’histoire René Sordes, fondé en 1926 et fermé en 1998 après plusieurs migrations à travers la ville.

Pour un budget de plus de 8 millions d’euros provenant en majorité de la Ville, de l’Etat et de la communauté d’agglomération, la gare a conservé - outre sa façade - son grand escalier, ses baies, ses voutes et ses poutrelles métalliques dans des volumes transformés en espace d’exposition permanente et en bureaux pour les services muséaux.

Se dotant d’une extension constituée d’un soubassement conçu par le cabinet d’architecte Encore heureux, elle a doublé ses surfaces, passant à 1778 m2, pour accueillir notamment un espace d’exposition temporaire de 220 m2 (voir encadré), un atelier pédagogique et un centre de ressources documentaires.

Hésitant entre musée et centre d’interprétation, le MUS déroule œuvres, objets d’industries, objets ethnographiques et riche appareillage multimédia : maquettes, bornes tactiles ou olfactives, enregistrements d’entretiens audio fixant un patrimoine immatériel.

Ces expositions se focalisent sur l’urbanisme social à Suresnes durant l’entre-deux-guerres, thématique dégagée par le projet scientifique et culturel du musée, qui a basé une large part de sa politique d’acquisition depuis les années 1990 sur son histoire urbaine.

Le parcours s’appesantit sur la personnalité d’Henri Sellier, maire de la ville de 1919 à 1941, inventeur des cités-jardins, qui à l’heure de l’industrialisation des bords de Seine, a bâti des équipements collectifs assainis et des habitations bons marchés (HBM) qui vont être repris à l’échelle de toute l’Ile-de-France.

« Le MUS est le musée consacré au logement social en France », explique sa directrice Marie-Pierre Deguillaume, qui espère que l’institution parviendra à s’imposer aux côtés de musées d’architecture et d’urbanisme tels que Musée urbain Tony-Garnier à Lyon ou le Musée de la ville Saint-Quentin-en-Yvelines.

Aérés et lumineux, les espaces du MUS n’en restent pas moins limités en regard de la large collection que conserve le musée, qui s’élève à 75 000 artefacts conservés dans des réserves hors les murs.

Placé au pied de la station du tramway Suresnes Duchamps (Pont de Bezons – Porte de Versailles) qui voit transiter chaque mois 14 000 personnes, le MUS a cependant vocation d’être la première étape d’un parcours patrimonial et architectural qui doit se poursuivre dans toute la Ville, notamment dans la cité-jardin.

Réhabilitée dans les années 1980, inscrite à l’inventaire des sites pittoresques du département des Hauts-de-Seine en 1985, la cité-jardin qui a vu ses espaces modernisés en conservant façades et cages d’escalier accueille toujours 8000 habitants entre logements, école ou maisons de retraite…

Le lieu, qui abrite un appartement témoin, resté dans son état d‘entre-deux-guerres, fait l’objet de visites-guidées menées par les équipes du MUS.

« Nous espérons bénéficier du développement du tourisme urbain en banlieue », explique Jean-Pierre Respaut, adjoint délégué à la Culture, appelant de ses vœux l’avènement d’un Grand Paris culturel dans toute l’Ile de France.