LE CAIRE (EGYPTE) [08.10.13] – Une conférence sur le thème de la promotion culturelle qui s’est tenue au Caire du 1er au 3 octobre 2013 aurait exprimé les frustrations des représentants du milieu culturel et patrimonial du pays à l’égard de la politique égyptienne. Quatorze demandes auraient été formulées, visant notamment la liberté d’expression.
La conférence publique « Culture égyptienne au premier plan » qui s’est déroulée au Caire du 1er au 3 octobre 2013, sous le patronage du ministre intérimaire de la Culture égyptien Mohamed Saber Arab, avait pour objectif l’expression des aspirations publiques vis-à-vis de la culture égyptienne depuis la chute du président Mohamed Morsi. Si la fréquentation n’était pas très élevée, les critiques à l’égard de la politique culturelle gouvernementale auraient en revanche été particulièrement nombreuses selon le journal Al-Ahram.
A l’issue des sessions, 14 requêtes auraient été formulées par les représentants du milieu culturel présents, qu’ils soient philosophes, écrivains, cinéastes, critiques ou professeurs. Elles viseraient entre autres l’indépendance de la création artistique, libre de toute censure ou restriction d’âge, une plus grande implication financière de l’Etat dans les activités culturelles, ainsi qu’une aide et un support sans conditions des initiatives, la facilitation des procédures administratives liées aux projets culturels, et notamment concernant la réhabilitation à cet effet de zones urbaines abandonnées, l’ouverture au public et la rénovation des palais culturels dans les gouvernorats, avec l’implication d’artistes indépendants, et la représentation des cultures tribales et des autres minorités ethniques et religieuses au Haut Conseil de la Culture. Al-Ahram annonce que ces réflexions seront présentées au Premier ministre dans les jours à venir.
Dès le premier jour, l’intitulé de la conférence « la Culture égyptienne au premier plan » aurait été remis en cause, certains évoquant plutôt la corruption, le terrorisme, la bureaucratie et l’ignorance comme fondements des actions de l’Etat. Les groupuscules islamistes auraient été pointés comme des « menaces pour la démocratie, les arts et la culture ». En outre, « [l’Etat] n’a jamais montré d’encouragements importants » à l’égard des projets artistiques, aurait évoqué le cinéaste Hany El-Metennawy. Comme pour illustrer son propos, le ministre intérimaire de la Culture Mohamed Saber Arab n’aurait assisté qu’à la session d’introduction des débats, entrainant la déception des participants et la crainte de ne pas être entendus.
Alors qu’il aurait été question du « rôle des intellectuels dans l’établissement d’un état civil », une question fondamentale aurait été posée : « L’Egypte a-t-elle déjà été un état démocratique et civil ? ». Le gouvernement non laïc aurait ainsi été pris à partie : « Pourquoi les Egyptiens acceptent-ils un système religieux ? Qu’est-ce qui les pousse à ce point ? [Probablement] un fort désir d’avoir une identité nationale, qu’[ils] pensent pouvoir se forger grâce à la religion » en déduit une professeure de littérature arabe.
Les aspirations des Egyptiens auraient donc été très claires : l’Etat devrait œuvrer à la promotion de l’identité culturelle du pays, à l’élaboration d’un état civil moderne et à la sauvegarde de la liberté d’expression. En effet, l’accent semble avoir été mis sur la nécessité d’accorder la liberté d’expression sur les plans culturel et social, mais aussi sur l’encouragement à la tolérance, « essentielle au développement d’un état démocratique et civil ». La culture égyptienne aurait finalement été définie comme « un avoir dans la mémoire collective », « une fine corde [reliant] chaque homme sur la planète depuis l’ère des pharaons ».
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Le gouvernement égyptien pris à partie par les représentants de la culture du pays lors d’une conférence au Caire
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Abonnez-vous dès 1 €L'Opéra du Caire financé par le Japon suite à une visite du président égyptien Hosni Mubarak au Japon en avril 1983 - inauguré le 10 novembre 1988 - © Photo ThutmoseIII - 2006 - Licence CC BY-SA 3.0