La Chartreuse refuse de dédommager Joan Fontcuberta à sa juste valeur

Par LeJournaldesArts.fr · lejournaldesarts.fr

Le 10 juin 2011 - 475 mots

VILLENEUVE-LES-AVIGNON (GARD) [10.06.11] – Un vol survenu à la Chartreuse a dépossédé l’artiste Joan Fontcuberta d’une série de 36 photographies. Or, le centre culturel propose de le dédommager uniquement à hauteur de la valeur matérielle des clichés disparus.

La Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon vient d’offrir 35 000 euros de dommages et intérêts à Joan Fontcuberta pour le vol de ses photographies lors de l’exposition Miracles et cie organisée en ses murs fin septembre 2010. A l’époque, les photographies étaient déjà estimées à 135 000 euros et assurées pour 155 000 euros. Selon El Pais, l’artiste s’apprêterait à intenter un procès au musée.

Pendant 9 mois, François de Banes Gardonne directeur de la Chartreuse (Centre national des Ecritures du Spectacle) aurait demandé à l’artiste qu’il respecte une certaine discrétion, afin que le bon déroulement de l’enquête ne soit pas entravé et que la réputation du centre ne soit pas entachée. Mais, il aurait finalement décidé d’interrompre les négociations, peu après que son assureur ait lui-même refusé de garantir le sinistre. Ce dernier n’aurait pas accepté de prendre en charge le cambriolage au motif que la sécurité dans le musée était insuffisante. Les caméras étaient fausses et les alarmes inexistantes.

Le problème est que les 35 000 euros proposés à l’artiste en guise de compensation correspondent uniquement à la valeur matérielle des photographies volées. Cette somme permettrait seulement à l’artiste de rééditer ses photographies. Or, les photographies volées sont des œuvres signées et numérotées. Ce sont des œuvres originales. Par conséquent, si leur duplication est possible en pratique, celle-ci est fondamentalement plus complexe. Au-delà du fait qu’une telle solution revienne à réduire la dimension artistique du photographe et de son œuvre, elle pose problème, puisque la réédition de nouvelles photographies dévaluerait la première série.

Cristina Busch, l’avocate de Joan Fontcuberta, vient donc d’envoyer à la Chartreuse une sommation de payer, qui d’après le quotidien espagnol El Pais serait une requête préalable à une procédure judiciaire.

Pour ce qui est des photographies, elles n’ont pas été retrouvées et ne devraient pas l’être de sitôt. Le vol a été perpétré par de véritables professionnels qui n’ont laissé aucune trace derrière eux. De plus, les œuvres ont été décadrées avec un soin extrême, ce qui accrédite la thèse du vol commandité par un collectionneur. Une première européenne pour une collection entière (même si une photographie plus imposante n’a pas été emportée).

Le vol s’est produit durant la dernière semaine de l’exposition Miracles et cie. Les photographies que présentait Joan Fontcuberta avait été prises dans un monastère de Finlande. Le travail de l’artiste visait à dénoncer une secte de faux moines qui prétendait enseigner à leurs disciples comment fabriquer des miracles. Une histoire originale caractéristique du travail de Joan Fontcuberta, qui fut directeur artistique des Rencontres d’Arles en 2004 et lauréat du Prix national de la photographie en Espagne pour l’année 2008.

Légende photo

Chartreuse du Val de Bénédiction - © photo Allie_Caulfield - 2005 - Licence CC BY-SA 2.0 

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