Organisée du 18 au 27 mars, The European Fine Art Fair, à Maastricht, stoppe provisoirement la création de nouvelles sections.
Si les exposants d’Art Basel passent tous les ans sous les fourches caudines du comité de sélection, lequel peut les débouter pour des motifs souvent obscurs, Tefaf joue plutôt la carte de la constance à Maastricht (Pays-Bas). « Alors que dans la plupart des foires, environ 10 % des exposants changent d’une année sur l’autre, une fois que les gens sont à Maastricht, il n’y a aucune raison pour qu’ils n’y soient plus l’année suivante, à moins de faire une faute grave », rappelle le marchand londonien Ben Janssens, président du comité exécutif de Tefaf. Aussi le seul turnover réel, à Maastricht, concerne-t-il la section « Showcase », vivier pour les jeunes marchands. Cette année, ce secteur accueille les Parisiens 1492, galerie spécialisée en art précolombien, David Ghezelbash, jeune antiquaire en archéologie entrevu l’an dernier à la Biennale des antiquaires dans le secteur « Tremplin » à Paris, et Sophie Scheidecker. « C’est l’occasion d’avoir le pied à l’étrier, indique David Ghezelbash, qui présente notamment un torse hellénistique de Bacchus ou Apollon et une idole sudarabique en albâtre. La biennale relevait d’un coup publicitaire plutôt que d’une démarche commerciale. Je n’y montrais qu’un objet, alors qu’à Tefaf je peux m’exprimer sur 9 mètres carrés. Mon but est d’y faire mes preuves et, dans un futur proche, d’accéder au programme général. » L’ambition est la même du côté de Sophie Scheidecker, qui articule son stand, conçu par la designer Matali Crasset, autour des figures obsessionnelles de Lucio Fontana, Yayoi Kusama et Beate Günther.
Une section « Paper » isolée à l’étage
En revanche, la section « Paper » n’a pas connu une rotation aussi brutale qu’on aurait pu l’escompter malgré la grogne de certains participants qui, à juste titre, s’estimaient isolés à l’étage. Les visiteurs y arrivaient souvent harassés et les bourses dégarnies après des achats effectués au rez-de-chaussée. Antoine Laurentin (Paris) est de retour avec une sélection de 28 pièces, pour la plupart inédites, de Gaston Chaissac réalisées entre 1940 à 1962. « J’aurais certainement eu plus de visibilité en bas, mais, l’année dernière, j’avais bien travaillé. J’ai vendu à des nouveaux clients allemands et hollandais qui ne viennent pas à Paris », constate le marchand. Il est toutefois dommage que les organisateurs n’aient pas trouvé une solution plus appropriée pour cette plateforme, en l’installant notamment dans le restaurant de la foire.
L’idée de montrer au même endroit des dessins empruntés au Rijksmuseum d’Amsterdam convaincra-t-elle les clients à emprunter les escaliers ? Rien n’est moins sûr tant la foire a pris de l’embonpoint ces deux dernières années. « Il n’y a pas assez de clients à Maastricht pour que tout le monde puisse y réaliser des affaires, c’est un serpent qui se mord la queue, grimace un exposant. Tefaf est un boa constrictor qui veut tout avaler. Or les gens finissent épuisés. » Bonne nouvelle cette année, l’événement a mis un frein à son goût pour la sectorisation. « C’est bon de s’arrêter et de réfléchir un peu, admet Ben Janssens. Nous voulons aussi faire attention à ce que les gens ne se sentent pas submergés. J’aurais adoré avoir de nouvelles spécialités, comme l’art islamique ou le design contemporain, mais pour l’instant nous n’avons plus de place. » Et il faut bien laisser du champ aux autres salons, ce d’autant plus que les visiteurs de Tefaf n’ont guère envie de passer plusieurs jours dans une bourgade aussi déprimante que Maastricht…
Vous participez pour la première fois à la section « Paper » de Tefaf et une semaine plus tard vous serez au Salon du dessin, à Paris. Ces deux foires sont-elles en concurrence ?
Le Salon du dessin est très bien organisé et il n’a pas à s’inquiéter de l’impact de « Paper », à Maastricht, qui est une petite section. Le salon parisien est important pour les collectionneurs de dessins, mais Tefaf attire tout type de collectionneurs. La particularité de cette dernière est d’être le meilleur salon du monde, mais dans de nombreuses spécialités, il existe des foires de niche plus importantes, à l’image du dessin, du Parcours des mondes pour l’art tribal à Paris, ou d’Art Basel pour l’art moderne et contemporain. À Maastricht, je vais montrer une sélection de 30 dessins des XIXe et XXe siècles entre 7 000 et 750 000 euros, avec des noms connus comme Monet, Manet, David Hockney, ou encore un grand Levy-Dhurmer et un Jean-Michel Basquiat de 1981. Mon stand, au Salon du dessin, sera plus petit, et je me concentrerai sur les feuilles de la Renaissance italienne et du XVIIIe français, davantage destinées à une audience de connaisseurs.
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Tefaf mise sur la stabilité
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Abonnez-vous dès 1 €Président : The European Fine Art Foundation
Nombre d’exposants : 260
Nombre de visiteurs en 2010 : 72 500
Du 18 au 27 mars, Maastricht Exhibition and Congress Centre (MECC), Forum 100, Maastricht, Pays-Bas, www.tefaf.com, tlj 11h-19h, le 27 mars 11h-18h
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : Tefaf mise sur la stabilité