Alors que la Villa Arson annonce fièrement prendre un nouvel élan avec l’arrivée d’Alain Lombard, directeur général, de Laurence Gâteau, directrice artistique, et de Jean-Marc Réol, directeur pédagogique, cette institution unique en France a formé toute une génération d’artistes niçois. Quand certains ne rêvent que de Paris et de New York, d’autres préfèrent garder leurs repères dans l’une des rares villes de province disposant d’une véritable scène artistique. Au-delà, la région reste un lieu de résidence permanent et temporaire apprécié des artistes.
Alors que la Villa Arson annonce fièrement prendre un nouvel élan avec l’arrivée d’Alain Lombard, directeur général, de Laurence Gâteau, directrice artistique, et de Jean-Marc Réol, directeur pédagogique, cette institution unique en France a formé toute une génération d’artistes niçois. Quand certains ne rêvent que de Paris et de New York, d’autres préfèrent garder leurs repères dans l’une des rares villes de province disposant d’une véritable scène artistique. Au-delà, la région reste un lieu de résidence permanent et temporaire apprécié des artistes.
“À Nice, on vit en province si on n’a pas d’argent, et sur la Côte d’Azur si on en a”, lance comme un pied de nez Noël Dolla. De nombreux plasticiens vivent aujourd’hui à Nice sans que ce choix soit dicté par leur compte en banque. “Historiquement, la région a été un mouroir pour les artistes modernes – de Matisse à Picasso, Chagall... –, parce qu’il y a du soleil”, concède Ben. Et ce dernier de pointer quelques-uns des artistes et des mouvements qui se sont épanouis sur la French Riviera : Supports-Surfaces, avec Viallat, Dolla... ; Fluxus, parce que Robert Filliou et Georges Brecht sont venus s’installer à Villefranche ; les Nouveaux réalistes parce qu’Yves Klein y avait sa mère. Chacun des mouvements a entraîné dans son sillage des disciples qui n’avaient parfois qu’un intérêt régional.
La Villa Arson constitue l’une des structures essentielles pour la communauté artistique niçoise, puisque l’école d’art a formé la plupart des artistes résidant sur place. Les tout jeunes sortant de l’école bénéficient immédiatement ici d’une reconnaissance qu’ils n’auraient pas à Paris, parce qu’ils y seraient noyés dans la masse. “J’ai fait l’école de la Villa Arson comme beaucoup d’artistes qui vivent à Nice, souligne Natacha Lesueur. Rester à Nice était pour moi le moyen le plus simple par rapport à ce que je fais, c’est-à-dire de la photographie. J’avais besoin d’un matériel important que la Villa pouvait me prêter, même après mon diplôme”. L’école continue en effet à soutenir les artistes en début de carrière, dans une ville où les ateliers sont rares et chers, l’une des principales difficultés pour les créateurs sur place. Natacha Lesueur travaille ainsi dans l’une des pièces de son appartement, tandis que Paul Devautour est pour l’instant tout bonnement privé d’atelier. Après deux ans passés à New York et à Paris, il a beaucoup hésité à revenir à Nice, même s’il s’y est à nouveau fixé pour enseigner à la Villa Arson. “Il y a eu une époque féconde ici, avec le dynamisme de la Villa Arson à l’époque de Christian Bernard et des galeries Art : concept et Air de Paris”, estime l’artiste. La ville a ensuite connu une certaine désaffection, aussi bien de la part des galeries – installées aujourd’hui rue Louise-Weiss, à Paris – que de nombreux artistes, comme Philippe Ramette, Philippe Mayaux, ou même récemment Pierre Joseph. Certains partent pour Paris, d’autres préfèrent le Sud et Marseille. “Les étudiants restent un temps puis s’en vont, remarque Françoise Vigna, qui a ouvert il y a dix-huit mois à Nice une galerie défendant essentiellement de jeunes artistes sortis de la Villa Arson. À Marseille, où se trouvent également beaucoup de plasticiens, il existe un très fort tissu associatif qui fait que les artistes peuvent exposer leurs travaux assez aisément. Alors qu’à Nice, ils sont obligés de partir, ce qui est peut-être meilleur pour leur carrière”. Beaucoup estiment que travailler à Nice constitue un handicap pour leur visibilité et insistent sur la nécessité d’avoir une galerie à Paris. Et si les collectionneurs sont relativement nombreux dans la région, ils achètent principalement dans la capitale ou à Londres. Les jeunes artistes peuvent néanmoins compter sur le soutien de Ben, considéré par certains comme la principale source de revenus des créateurs niçois. S’il leur achète assez souvent des pièces, il les engage également à tour de rôle comme assistant. Son énergie hors pair semble également dynamiser la scène. Il a ainsi soutenu “la Station”, la principale association d’artistes de la ville dont Natacha Lesueur fait d’ailleurs partie. Cette structure a notamment tissé des liens avec la Suisse et l’Allemagne, et a organisé des expositions dans un local aujourd’hui détruit. La Ville de Nice, pourtant l’un des maillons faibles du soutien aux artistes locaux, devrait proposer bientôt un nouvel espace pour poursuivre la programmation.
Vivre à Nice permet également de prendre des contacts, puisque de nombreux acteurs du milieu de l’art la fréquentent régulièrement. “Il est plus facile de rencontrer les Parisiens à Nice qu’à Paris”, s’étonne même Paul Devautour. Natacha Lesueur a rencontré à la Villa Arson de nombreux commissaires d’expositions ou galeristes étrangers qui l’exposent aujourd’hui régulièrement hors de nos frontières. Ce rôle de centre de formation et de rencontres joué par la Villa Arson est renforcé par une politique d’accueil d’artistes en résidence. Dès cette année, sept créateurs y viendront pendant trois mois, grâce à des bourses du Fonds d’incitation à la création (Fiacre) et du Conseil général des Alpes-Maritimes.
À une trentaine de kilomètres est installé un autre lieu de résidence d’artistes, le château de La Napoule. Cet extravagant bâtiment, construit sur le front de mer, est géré par une fondation américaine et invite régulièrement des créateurs dans différentes disciplines : compositeurs, artistes plasticiens, écrivains, mimes… L’espace, qui organise aussi trois expositions d’art contemporain par an, finance des publications, assure une programmation musicale, bénéficie du soutien du ministère de la Culture, de la Drac Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca), du Conseil régional Paca, du Conseil général des Alpes-Maritimes et de la Ville de Mandelieu-La Napoule.
La région attire aussi des artistes étrangers, à l’image du Suisse Adrian Schiess, installé depuis 1991 à Mouans-Sartoux, non loin de l’Espace de l’art concret. Même si le créateur avoue y être arrivé un peu par hasard, fuyant Zurich et voulant “changer de culture”, il a trouvé ici, loin de la ville et de son stress, un élément essentiel : la tranquillité.
- LA RÉPÉTITION, LA TÊTE DANS LES NUAGES, jusqu’au 4 juin, Villa Arson, 20 avenue Stephen-Liégeard, Nice, tél. 04 92 07 73 80, www.cnap-villa-arson.fr, tlj sauf mardi 14h-18h.
- DAN PERJOVSCHI, 25 mai-28 juin, Association d’art de La Napoule, 1 avenue Henry-Clews, Mandelieu-La Napoule, tél. 04 93 49 95 05, tlj sauf mardi 14h30-18h.
Et aussi MAGDALENA JITRIK, RENÉE LEVI, jusqu’au 18 juin, Espace de l’art concret, château de Mouans, 06370 Mouans-Sartoux, tél. 04 93 75 71 50, tlj 11h-18h.
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Entre province et Côte d’Azur
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°104 du 28 avril 2000, avec le titre suivant : Entre province et Côte d’Azur