Directeur d’une des galeries les plus importantes de la place de Paris, Yvon Lambert est aussi président du Comité d’organisation et de sélection pour la foire d’art contemporain en Europe (Cofiac), chargé notamment de l’orientation de la Fiac et de la sélection des participants. Dans un entretien, il revient sur les points forts de la Foire parisienne et les nouveautés de cette édition.
Avec la troisième édition de la Fiac porte de Versailles, Paris Expo fait-elle enfin l’unanimité ?
Le Grand Palais s’éloigne dans le temps et dans l’espace. Nous y pensons de moins en moins. Je trouve que nous avons tous les avantages porte de Versailles. Paris Expo est en plein cœur de Paris. Le bâtiment est magnifique. Que demander de plus ? De même, l’organisation de la Fiac est de plus en plus performante. Le lieu est une chose, mais c’est le contenu qui est important. C’est aux marchands de montrer ce qu’ils ont de mieux. Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies.
La Fiac a abandonné l’année dernière l’idée d’inviter un pays en se concentrant sur les expositions personnelles. Cette orientation est en partie reconduite en 2001.
L’année dernière, nous avions fait le tour du monde. Tous les pays avaient été présents. Nous n’allions pas recommencer. Le fait de décider et d’imposer des “one man shows” a été courageux. Cela a tellement séduit les marchands et les artistes que beaucoup organisent encore cette année des expositions personnelles, parfois même certains parmi les moins convaincus il y a encore un an. Dans le cadre de la Fiac se côtoieront donc des expositions personnelles, des expositions de groupe, et aussi, ce qui est un événement, un espace réservé à des œuvres vidéo, le Vidéo cube. Un prix sera décerné parmi les artistes sélectionnés par un comité international qui a été très sévère.
Cet espace est-il une réponse à la question des conditions de présentation de la vidéo dans les foires commerciales ?
Ce nouvel espace est une excellente réponse. Il a même été ouvert à des marchands qui ne participent pas la Fiac. Pour une somme très raisonnable, une galerie pouvait proposer des œuvres au comité de sélection. Le fait de montrer de la vidéo dans une foire est contraignant. Mais depuis quelques années, j’ai toujours un coin vidéo sur mes stands. Si un marchand souhaite vraiment en montrer, ce n’est pas très compliqué. Au 108 rue Vieille-du-Temple, à Paris, dans mon local sur rue, j’ai aussi aménagé un studio qui fonctionne très bien. Chaque semaine, nous changeons le programme. Il y a vraiment la possibilité de voir tout un ensemble de vidéos d’artistes connus et moins connus.
La Fiac a attiré cette année de grandes galeries étrangères comme Metro Pictures ou Jay Jopling/White Cube. Le marché français est-il à nouveau attractif ?
C’est un signe que ces galeries viennent ou reviennent, comme la Lisson Gallery qui était déjà là l’année dernière et qui revient cette année. Il se passe manifestement quelque chose à Paris. La belle endormie est en train de se réveiller, un vrai dynamisme est provoqué par quelques musées, et par les galeries. Certaines s’investissent et montrent des jeunes artistes prometteurs.
Ne voit-on pas aussi apparaître une nouvelle génération de collectionneurs français ?
Aujourd’hui, l’on vend à la terre entière et beaucoup de Français vont acheter à l’étranger. Les idées et les gens circulent très facilement. La Fiac est un grand rendez-vous international de plus en plus important.
Le dynamisme à Paris est également dû à des initiatives privées comme les ouvertures prochaines de lieux par Antoine de Galbert ou par François Pinault à Boulogne. Vous-mêmes, vous avez aussi ouvert un espace à Avignon. Cela ne dément-il les reproches que l’on fait à la France de se reposer sur les initiatives publiques ?
Il n’y a pas beaucoup d’avantages à s’engager dans des initiatives privées, même si je ne peux pas me plaindre parce que, à Avignon, c’est la ville, l’État et la région qui m’aident de manière importante pour l’entretien et le devenir du lieu de ma collection. Mais, tous ces exemples que vous citez sont très encourageants.
En parallèle à la Fiac sont organisés des parcours associés pour les collectionneurs. La manifestation est donc soutenue par de nombreux partenaires.
L’organisation de visites privées dans les musées pour des visiteurs de marque, par exemple, a toujours existé à l’étranger. En France, il s’agit un peu d’une nouveauté.
Depuis quelques mois, il est fortement question de la place des artistes français à l’étranger. Comment analysez-vous la situation ?
La France a régné pendant longtemps sur le marché. Puis, nous avons connu une traversée du désert pendant quelques années. Auparavant, la France était installée dans un confort. Si un Français n’avait pas un prix à la Biennale de Venise, on criait au scandale. Aujourd’hui, les lieux de création sont plus éclatés, des choses intéressantes se déroulent à New York ou à Amsterdam. Mais depuis quelque temps, on retrouve plus souvent des jeunes artistes français à l’étranger, même s’ils ne sont pas très nombreux. Pierre Huyghe, par exemple, a connu un succès très rapide et très important.
La Fiac réunira, du 10 au 15 octobre, porte de Versailles, 164 galeries provenant de 17 pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Le nombre de galeries, qui était de 196 en 2000, a été réduit pour privilégier la qualité des stands qui se répartissent entre expositions personnelles ou thématiques. Le secteur Perspectives réunit quatorze jeunes galeries et les dix stands d’Éditions proposeront multiples, gravures, lithographies et estampes. Un nouvel espace réservé à la vidéo, Vidéo cube, accueillera pour la première fois un ensemble de créations sévèrement sélectionnées par un comité. Enfin, le Café des arts proposera durant toute la foire débats et conférences. Le Journal des Arts, en partenariat avec l’événement, publiera Le Quotidien de la Fiac distribué chaque jour gratuitement aux visiteurs. Enfin, dans un communiqué, la Fiac et les galeries qu’elle réunira, ont souhaité témoigner de leur soutien à la communauté des artistes, galeristes et collectionneurs américains touchés particulièrement par le drame qui vient de se produire aux États-Unis.
- FIAC, du 10 au 15 octobre, Hall 4, Paris Expo, porte de Versailles, Paris, tlj 12h-20h, jeudi 12h-22h, samedi-dimanche 11h-20h, lundi 12h-18h, tél. 01 41 90 47 80, internet : www.fiac-online.com, catalogue, 200 F.
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Yvon Lambert - « La belle endormie se réveille »
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°133 du 28 septembre 2001, avec le titre suivant : Yvon Lambert - « La belle endormie se réveille »