Le patron de LVMH avait voulu en faire un concurrent digne de Christie’s et Sotheby’s. Après deux années d’investissements pharaoniques, il cède Phillips à hauteur de 72,5 % à ses deux principaux dirigeants, Simon de Pury et Daniella Luxembourg.
PARIS - LVMH a cédé le 19 février le contrôle de sa maison de vente Phillips à ses actuels dirigeants, de Pury & Luxembourg, pour un montant resté secret. Le numéro 1 mondial du luxe a tout de même conservé une participation capitalistique de 27,5 %. Chez LVMH, on parle d’une “concentration sur l’activité d’origine du groupe”, c’est-à-dire “le développement des produits de luxe”. Cette cession intervient surtout en période de crise économique et dans le cadre d’un désengagement d’activités déficitaires comme Zebank – revendue récemment à l’Anglais Egg –, les parfumeries Sephora ou l’art. Acquis en 1999 pour près de 90 millions d’euros, l’Anglo-Saxon Phillips, bien que troisième auctioneer du monde des enchères, est loin d’égaler les deux géants Christie’s et Sotheby’s. À l’époque, Bernard Arnault n’a pourtant pas d’autre alternative s’il veut intégrer le monde de l’art et des enchères. Son rival de toujours, François Pinault, vient d’acquérir Christie’s, et Sotheby’s n’est pas à vendre. Bernard Arnault tient alors le pari risqué de faire de Phillips un concurrent du niveau des deux grands. À coup de dizaines de millions de dollars, il pratique une politique ultra compétitive de prix garantis pour décrocher la vente de grosses collections, en particulier dans le secteur de l’art impressionniste et moderne, le créneau porteur. Une stratégie gagnante mais qui a coûté cher à Phillips, et surtout au groupe LVMH. On parle d’un montant supérieur à 200 millions de dollars. Malgré les apparences, Bernard Arnault ne souhaiterait pas laisser tomber ses activités liées l’art. Il possède en outre 17 % du capital d’Artprice, le spécialiste mondial des cotations et indices sur le marché de l’art, ainsi que la société de vente volontaire Tajan dont il ne veut pas se défaire et qui demeure “une affaire qui tourne”, selon un proche de l’homme d’affaires. Il aurait peut-être même des vues sur Sotheby’s. Mais “il faudrait que cela ne lui coûte pas trop cher. Même si l’action est bon marché, reste le problème du procès aux États-Unis pour entente illicite avec son concurrent Christie’s, commente un analyste financier. Et sans perspective d’une rapide reprise économique, cela ne paraît pas envisageable”.
Il semblerait dans le même temps que Christie’s représente un poids financier également lourd dans l’empire de François Pinault et que ce dernier ne serait pas mécontent de s’en séparer.
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Phillips : LVMH abandonne la partie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°144 du 8 mars 2002, avec le titre suivant : Phillips : LVMH abandonne la partie