La Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois a rassemblé une vingtaine d’œuvres de l’artiste évoquant les multiples images de la féminité.
Paris. Pour marquer le point de départ de sa collaboration avec la succession de Niki de Saint Phalle (1930-2002), la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois avait commencé par le début de la carrière de l’artiste en présentant, à la fin de l’année 2013, « En joue ! Assemblages & Tirs (1958-1964) ». En toute logique, le second volet s’inscrit à la suite et prend cette fois pour cible la façon dont l’artiste aborde les femmes en général – comme l’indique le titre « Belles ! Belles ! Belles ! Les femmes de Niki de Saint Phalle » – et pas uniquement les « Nanas » auxquelles on a trop souvent tendance à réduire ce thème de la féminité pour son œuvre.
Parmi la vingtaine d’œuvres ici rassemblées, datées de 1963 (soit les toutes premières du genre) à 1972, certaines n’ont été pas montrées depuis très longtemps – l’une, Federica Summer 1965, n’a pas été exposée depuis 1965 (chez Alexandre Iolas à Paris). Plusieurs faisaient partie de l’exposition rétrospective du Grand Palais (septembre 2014-février 2015) et toutes montrent comment Niki de Saint Phalle évoque les femmes dans leur multiplicité et dans leur complexité. Comment elle joue aussi avec la diversité : des statuts – filles, mères, épouses, amies, icônes, sorcières, guerrières ; des séries avec les « Mariées », les « Accouchements », les « Déesses », les « Mères dévorantes »… ; des formats, tailles et gabarits – de 2,58 mètres de haut pour MadameouNana verte au sac (en provenance de la collection Marc Bohan) à 16 cm pour Mini Nana Maison (Nana bariolée-Motley) ; et enfin des techniques. Niki de Saint Phalle va en effet passer, au fil des années, des bouts de tissu, objets de récupération, jouets d’enfant – éléments tous repeints en blanc qui constituent The White Goddess (empruntée à la collection Renault) –, à la résine polyester qu’elle commence à travailler dès 1966. Sans parler de cette très étonnante Federica Summer 1965 composée à partir de fils de laine, de feutrine, de dentelle, d’éléments les plus divers apposés sur une structure en ferraille du type cage à poules. On découvre aussi des œuvres charnières (Lili ou Tony, de 1965) et on apprécie la différence de traitement des matériaux, leur variété (figure ici un grand relief mural). Mais derrière cette grande diversité formelle, la sélection rappelle aussi les différentes facettes de l’engagement profond dont Niki de Saint Phalle a fait preuve tout au long de sa vie, ainsi que la radicalité, la violence, la colère et la subversion qui l’ont animée. Elle ne cessa jamais de s’interroger sur le rôle de la femme dans la société, sur la question des droits civiques, et fut l’une des premières artistes à aborder de front les questions raciales comme en témoigne son hommage à Billie Holiday avec TheLady Sings the Blues ou à Rosa Parks avec Black Rosy.
Il faut enfin signaler que peu d’œuvres majeures circulent sur le marché. Moins de cinq sont passées en vente depuis dix ans, car celle qui est souvent considérée comme la première grande artiste féministe du XXe siècle, et fut la première femme à s’imposer dans l’espace public à l’échelle mondiale, a fait beaucoup de donations à des musées – de 350 à 400. On finirait presque par croire que les prix ici affichés constituent une affaire…
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Niki de Saint Phalle au-delà des Nanas
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°487 du 20 octobre 2017, avec le titre suivant : Niki de Saint Phalle au-delà des Nanas