Les ventes d’art contemporain sont en hausse grâce à deux ensembles de Calder et Dubuffet. Des résultats attestant d’un marché qui revient à la raison et valorise la qualité et la provenance des œuvres.
PARIS - L’année s’est close avec panache pour l’art contemporain à Paris, avec des résultats en hausse pour la session de décembre. Sotheby’s, Christie’s et Artcurial totalisent ainsi 43,3 millions d’euros (1) pour leurs seules ventes du soir, une hausse de 15 % par rapport à l’an dernier. Sotheby’s en tête affiche un total de 20,6 millions d’euros pour sa vacation du soir, dans le haut de l’estimation, une augmentation de 26 % par rapport à 2014. Conformément à ses attentes Christie’s atteint 17,5 millions d’euros, résultat égal à celui de l’an dernier, mais agrémenté d’un excellent taux de vente de 92 %. Quant à Artcurial, en réunissant 5,1 millions d’euros, elle fait un bon de 33 % par rapport à sa contre-performance de 2014, mais reste loin de son estimation de 6,5 millions d’euros et compte 38 % d’invendus.
Dubuffet en tête d’affiche
C’est un Américain émigré en France, Calder, et un Français originaire du Havre, Dubuffet, qui ont donné des couleurs à ces ventes. Les lots phares de ces deux artistes étaient issus de collections américaines, un fait intéressant à noter, car la traversée de l’Atlantique se fait plus souvent dans l’autre sens.
Chez Sotheby’s, le chantre de l’Art brut était à l’honneur, avec quatre œuvres dans la vente du soir et deux dans celle du jour, de provenances différentes et toutes vendues. « Proposer ces tableaux très différents, mais liés par la qualité et la rareté a joué favorablement, en portant une vraie attention sur l’artiste. Son public était plus vaste que d’habitude », indique Stefano Moreni, directeur du département art contemporain chez Sotheby’s France. Issu du cycle « Paris Circus », Midi sonne grelot (1961) a été adjugé 2,9 millions d’euros (1), cependant en deçà de son estimation. Le jardin de fouille roucoule (1955), assemblage de morceaux de toiles lacérées et peintes, a été acquis 1,2 million d’euros, mais la surprise est venue de Terre mère (1959-1960), gigantesque papier mâché de la série des « Matériologies », acquis 687 000 euros, trois fois son estimation basse. Poussé par la fondation Dubuffet, les galeries, les maisons de vente, et les musées (une exposition est programmée à Bâle à la fondation Beyeler), l’artiste connaît aujourd’hui un regain d’intérêt. « De plus en plus de collectionneurs qui ne s’intéressaient qu’à l’art le plus contemporain portent aujourd’hui un regard rétrospectif sur l’après-guerre et peuvent ainsi se passionner pour Dubuffet », explique Stefano Moreni.
Hormis Calder, des résultats inégaux
Chez Christie’s, c’est Calder qui a été couronné. Dix œuvres de l’artiste (dont cinq en vente du soir), issues en grande partie de la collection d’Arthur et Anita Kahn, ont été vendues. Sa dispersion avait débuté à New York en novembre, avant une session à Londres en février prochain. « Nous ne souhaitions pas noyer le marché à New York. Et à Paris, les œuvres ont eu l’avantage d’être mises en avant dans une vente du soir plutôt que de figurer à New York dans une vente du jour », explique Laetitia Bauduin, responsable du département art contemporain chez Christie’s France. Deux mobiles, Fourteen Black Spots (1952) et The Red Crescent (1969) ont ainsi atteint respectivement 2,7 et 1,7 millions d’euros. « Qualité, estimation attractive et provenance excellente, c’est tout ce que recherchent les collectionneurs », commente Laetitia Bauduin.
Au sein de ces ventes où les artistes français ont globalement reçu un bon accueil, d’importants lots sont restés invendus. Ainsi, n’ont pu trouvé preneur, chez Sotheby’s une toile dans les tons clairs de Zao Wou-Ki (est. 1-1,5 million d’euros) et l’une des premières compressions de César de l’ancienne collection de Marie-Laure de Noailles (est. 600 000-800 000 euros) et chez Christie’s, la peinture star signée Shiraga (est. 2-3 millions d’euros). Fait rare à Paris, la toile faisait partie des deux lots garantis de cette session, elle est donc aujourd’hui la propriété de l’opérateur. Après la vente, Laetitia Bauduin, indiquait que la société « était sur le point de la vendre ». Chez Sotheby’s, c’est Midi sonne grelot qui était garanti par un tiers (fait encore plus rare), devenu ainsi son propriétaire.
Contrairement à juin dernier, plusieurs records ont été signés durant cette session : chez Artcurial, Niki de Saint-Phalle avec une Nana danseuse noire (993 800 euros), chez Christie’s, Latifa Echakch (record battu dès le lendemain chez Phillips) et Pol Bury (217 500 euros pour 374 cylindres sur une sphère) à qui été dédié toute une vente au succès mitigé, enfin chez Sotheby’s, Jean-Paul Riopelle (2 millions d’euros pour sa Fôret, 1953) ou Judith Reigl (315 000 euros pour Éclatement, 1956).
Ces résultats permettent à Sotheby’s de conserver son avance dans le domaine de l’art contemporain cette année en France, et de progresser encore par rapport à 2014 (54 millions contre 48 l’an passé). Christie’s et Artcurial devraient également toutes deux annoncer un bilan en hausse.
(1) Tous les prix s’entendent frais compris, sauf les estimations indiquées hors frais acheteurs.
ARTCURIAL
Art d’après guerre et art contemporain, vente du soir, le 7 décembre
Résultats : 5,1 M €
Estimation : 6,5 M €
Nombre de lots vendus : 23 sur 37 (62 %)
CHRISTIE’S
Art d’après guerre et art contemporain, vente du soir, le 8 décembre
Résultats : 17,50 M €
Estimation : 14-20 M €
Nombre de lots vendus : 36 sur 39 (92 %)
SOTHEBY’S
Art contemporain, vente du soir, le 9 décembre
Résultats : 20,60 M €
Estimation : 14,8-21,20 M €
Nombre de lots vendus : 29 sur 33 (84 %)
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Calder et Dubuffet portent les ventes parisiennes
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Abonnez-vous dès 1 €Jean Dubuffet, Jardin de fouille roucoule, 1956, huile sur toile, assemblage, 116 x 89 cm. © Photo : Sotheby's/Art Digital studio.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°448 du 8 janvier 2016, avec le titre suivant : Calder et Dubuffet portent les ventes parisiennes