Avec une baisse de 2,18 % de ses crédits hors frais de personnel, le ministère de la Culture et de la communication est dans le top 3 des ministères les plus touchés.
PARIS - Michel Sapin a présenté le 11 juin dernier en conseil des ministres le projet de loi de finances rectificative (PL FR) 2014. Ce collectif budgétaire qui doit être voté par le Parlement en juillet, modifie en cours d’exercice le budget de l’année. Conformément à ce qui avait été annoncé, le Gouvernement veut réduire de 1,6 milliard d’euros dès 2014 les dépenses de l’État, dans le cadre du plan général d’économie de 50 milliards, dont 18 pour l’État pour les trois ans à venir. Le budget du ministère de la Culture n’est pas le moins épargné. Alors que le taux d’annulation de crédit (hors dépenses de personnel) est de 0,78 % pour l’ensemble des ministères, il grimpe à 2,18 % pour la Rue de Valois, juste derrière celui de l’Économie qui veut donner l’exemple (3,75 %) et celui du Droit des femmes, de la jeunesse et des sports (2,60 %). L’Éducation nationale est la moins pénalisée avec un taux de 0,28 %.
Sur les 69 millions d’annulations de crédits de paiement (sur un budget de 3,1 milliards) 35 millions viennent des crédits déjà mis en réserve et 34 millions au-delà de la réserve. Or, le taux de réserve ayant été augmenté à 7 % pour 2014, le gel des crédits est au moins de 60 millions sur les seules dépenses d’intervention de la culture. En définitive la baisse des moyens du ministère pourrait être plus importante encore, alors que le budget 2014 (7,26 milliards pour la culture et la communication, frais de personnel inclus) avait baissé de 2 % par rapport à 2013.
Le budget du Patrimoine majoritairement amputé
Dans le détail, c’est le Patrimoine qui paye le plus son écot à l’effort national : plus de 48 millions d’euros sur un total de 69 millions, soit 6,20 % de son budget. Il perd définitivement 32,5 millions de sa réserve, auxquels s’ajoutent 13,5 millions hors réserve sur les crédits d’entretien et de restauration des monuments historiques et 2,3 millions d’euros sur la compensation de la loi Sauvadet, de titularisation des contractuels « en raison de des prévisions de recrutement plus faibles qu’attendues », selon le texte du projet de loi. Les budgets des programmes Création, Transmission, Livres et industries culturelles sont relativement épargnés avec des coupes autour de 3 millions d’euros, soit par exemple 0,39 % du budget de la Création. Le conflit grandissant avec les intermittents du spectacle n’est sans doute pas neutre dans ce choix très politique. Il y a en effet peu de chances de voir dans la rue les restaurateurs ou conservateurs du patrimoine. Cette nouvelle baisse de 2 % va alimenter le désenchantement de certains acteurs culturels plus soucieux, par mauvaise foi, commodité ou incompréhension des mécanismes budgétaires, des symboles que de la réalité des chiffres. Quel que soit le dénouement de la crise des intermittents, Aurélie Filippetti devra aussi affronter d’ici la fin de l’année le débat habituel sur le « dégel » des crédits et la présentation du PLF 2015 en septembre dont on sait qu’il sera aussi en baisse. Il va lui falloir allumer très vite quelques contre-feux médiatiques pour garder la tête haute. Ingratitude de l’action publique où les attaques les plus rudes viennent souvent de son propre camp.
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Le projet de loi de finances rectificative malmène la culture
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Abonnez-vous dès 1 €Le Palais Bourbon, siège de l'Assemblée nationale. © Photo : M. Minair.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°416 du 20 juin 2014, avec le titre suivant : Le projet de loi de finances rectificative malmène la culture