PLF 2015

Un budget de la Culture étale

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 14 octobre 2014 - 735 mots

Après deux années consécutives de baisse, le projet de budget pour la Culture 2015 est stable par rapport aux crédits de l’année précédente. Dans le détail, de nombreux postes sont reconduits à l’identique.

PARIS - Aurélie Filippetti, qui a largement préparé le projet du budget de la Culture 2015 de son ministère avant de le quitter, allait-elle profiter de la stabilisation annoncée dès cet été pour privilégier certains secteurs ? La réponse est connue depuis le 1er octobre : l’ancienne ministre et la nouvelle, Fleur Pellerin, jouent l’apaisement en reconduisant quasiment à l’identique la plupart des lignes budgétaires. Le budget de la mission « Culture », l’une des quatre missions gérées par le ministère de la Culture et de la Communication, augmente de 2 millions d’euros. Mais cette stabilité pourrait se transformer en baisse si le taux de « gel » des crédits, qui passe de 7 % à 8 %, était appliqué. De même, si le gouvernement était amené à revoir sa copie sur les instructions de la Commission européenne, il pourrait être demandé à la Culture de participer à la réduction des dépenses publiques comme ce fut le cas lors des deux années précédentes. Pour l’heure, la Rue de Valois a préféré ne mécontenter personne et utiliser son peu de marge de manœuvre pour lancer quelques chantiers depuis longtemps dans les cartons.

La fin des travaux du quadrilatère Richelieu (avant une nouvelle phase dans les prochaines années) et surtout celle de la Philharmonie de Paris (qui expliquent la baisse du budget de la Création) permettent de dégager une trentaine de millions d’euros. Le schéma directeur mis en place pour le Grand Palais va enfin passer à la vitesse supérieure, avec un financement public de 3,6 millions d’euros qui devrait s’accompagner d’un recours à l’emprunt par la Réunion des musées nationaux. En revanche, le Centre des monuments nationaux devra financer sur ses seuls fonds propres la réhabilitation de l’hôtel de la Marine, dont l’ouverture est prévue en 2017.

Revenant sur ses déclarations de septembre 2012, Aurélie Filippetti avait donné finalement son accord pour participer au financement du nouveau fac-similé de la grotte de Lascaux. Le ministère versera 4 millions d’euros pour la construction du centre d’interprétation d’art pariétal. La Collection Lambert en Avignon recevra également les 4,6 millions d’euros promis sur un total de 8 millions (sur trois ans). Mais les finances disponibles ne suffisent pas pour démarrer des travaux aux Archives nationales du site de Fontainebleau, fermées depuis mars 2014. L’année 2015 sera consacrée à des « études techniques », alors que le chantier de rénovation des Archives nationales du monde du travail, à Roubaix, va pouvoir commencer. Les travaux d’urgence du Centre Pompidou nécessitent aussi de dégager des moyens supplémentaires (8,8 millions d’euros). L’Inrap continue également à bénéficier des bonnes grâces de l’ancienne ministre. Comme en 2013, l’Institut national de recherches archéologiques préventives va bénéficier d’une « subvention pour charges de service public » de 5 millions d’euros. Les ressources de l’Inrap (qui dispose d’un budget d’environ 165 millions d’euros) reposent essentiellement sur ses activités de fouilles et la redevance d’archéologie préventive.

De manière générale, les dotations versées aux opérateurs publics sont peu ou prou équivalentes à celles de l’an dernier, mais il faudra attendre le détail opérateur par opérateur pour prendre la mesure des contraintes budgétaires propres à chacun.

Effets d’annonce
Si, par définition, un budget est une litanie de chiffres, le ministère prend parfois garde de n’en communiquer aucun, préférant empocher avant l’heure les bénéfices des nouvelles mesures. Ainsi en est-il pour la mise en place de la très médiatisée ouverture sept jours sur sept du Louvre, d’Orsay et de Versailles. Aucun calendrier précis n’est indiqué, non plus que les moyens à mettre en œuvre. La Rue de Valois s’engage simplement à ce que la mesure soit mise en place d’ici à 2017, préférant renvoyer à la concertation prévue entre les acteurs – or un élargissement des jours d’ouverture est bienvenu mais hautement compliqué. Ce petit péché véniel l’est moins quand il tord les chiffres pour donner une apparence flatteuse. Si le budget alloué à l’Éducation artistique augmente, passant de 7,5 millions d’euros à 10 millions, ce plan se fond dans d’autres programmes qui relèvent également de la démocratisation culturelle. Le budget de cette « Action 2 », porté à 79,2 millions d’euros, est en réalité stable par rapport à 2014 et en baisse de 5 % par rapport à 2012.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : Un budget de la Culture étale

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