Ventes de New York d’art contemporain : record à battre

« Le marché est très orienté vers certains artistes qui ont déjà des cotes très élevées. Tout a changé depuis 2008 : on voyait parfois des œuvres de cette envergure mais pas une telle concentration d’œuvres majeures », s’étonne Stefano Moreni, directeur du département art contemporain chez Sotheby’s France. « Il reste très peu d’œuvres disponibles sur le marché, toujours plus sélectif et raffiné, ce qui explique des estimations très importantes. Mais je ne pense pas que les œuvres soient surcotées, surtout vu l’importance de certaines d’entre elles dans l’histoire de l’art », poursuit-il.

De nombreuses œuvres au-delà de 30 millions de $
Le lot phare de la vente de Sotheby’s est une composition monumentale de Barnett Newman (1905-1970) jamais apparue sur le marché. Issue d’une série de 6, une des deux seules encore en mains privées, Ornement VI (1953) est estimée 30 à 40 millions de dollars. Le commissaire-priseur espère dépasser le record de l’artiste établi par Christie’s l’année dernière avec Ornement V (22,5 millions de dollars). Autre perle, la plus grande toile figurative de Gerhard Richter, Domplatz, Mailand, issue de sa production des photos-peintures. Commandée par Siemens Elettra pour leur bureau de Milan en 1968, elle a été vendue chez Sotheby’s Londres en 1998 pour 5,2 millions de livres (valeur réactualisée) et est aujourd’hui estimée 30 à 40 millions de dollars. Pas vu sur le marché depuis 25 ans, Study for a portrait of P.L., de Francis Bacon (est. 30 à 40 millions dollars) est le seul tableau consacré à Peter Lacy. « C’est un tableau tellement lié à sa personne, tellement intime que ça le rend différent et unique dans sa production », souligne Stefano Moreni. Si Sotheby’s compte sur une œuvre précoce de Jackson Pollock, The blue unconscious (1946), restée 50 ans dans la même collection, (est. 20 à 30 millions de dollars), Christie’s mise sur un dripping, Number 19 (1948). Estimé 25 à 35 millions de dollars, il apparaît sur le marché 6 mois après le record de 40,4 millions de dollars pour Number 4 (Sotheby’s New York). Puis elle tentera de dépasser le record de 26,4 millions de dollars en novembre dernier pour une œuvre de Jean-Michel Basquiat, dont la cote ne cesse d’augmenter, avec Dustheads, estimé 25 à 35 millions de dollars (garanti à hauteur de son estimation basse). 30 millions de dollars environ sont attendus pour une œuvre pop précoce de Roy Lichtenstein, Woman with Flowered Hat (1963), dans laquelle il réinterprète avec son propre langage un portrait de Dora Maar de Picasso.