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Ventes publiques

Hôtel des ventes - Mais où va Drouot ?

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 10 avril 2013 - 729 mots

Un bâtiment en cours de rénovation mais un chiffre d’affaires en baisse et des velléités de certains opérateurs de vendre hors les murs : le modèle Drouot est passé en revue.

PARIS - Avec un chiffre d’affaires en baisse d’un peu plus de 10 % en 2012 et l’ouverture par Piasa (l’un des premiers opérateurs de Drouot) d’un hôtel des ventes situé rive gauche pour développer ses ventes d’art et de design des XXe et XXIe siècles, Drouot est-il en train de se déliter progressivement ? Pas si sûr. « Après une année 2011 historique, l’année 2012 a marqué une contraction de l’activité du marché de l’art hexagonal, rappelle le commissaire-priseur Georges Delettrez, président de Drouot Patrimoine. Maintenant sa position de première place, Drouot a connu, l’an passé, un tassement de son produit vendu, dans un contexte économique très maussade et face à une concurrence particulièrement exacerbée. Hormis Artcurial, les filiales françaises de Sotheby’s et Christie’s ont également enregistré des résultats négatifs sur le secteur des ventes aux enchères. En 2012, c’est à Drouot qu’a été prononcée la deuxième plus haute enchère française de l’année (7,8 millions d’euros) parmi douze autres enchères millionnaires, soit le même nombre que l’année précédente. La programmation 2012 a également été marquée par la dispersion de plusieurs grandes collections (Pierre et Geneviève Hebey ; Philippe Dotremont ; le château de Digoine ; Charles Bouché ; la bibliothèque Art déco de Félix Marcilhac ; la suite de la succession Kimiyo Foujita…). À l’évidence, Drouot maintient donc son positionnement solide de place attractive, aussi bien pour les clients vendeurs qu’acheteurs, sur le marché des pièces de collection haut de gamme. » Georges Delettrez ne livre pas de commentaires sur les infidélités de certains gros opérateurs : Piasa pour l’art contemporain et le design, mais aussi Cornette de Saint Cyr (CDSC), qui, depuis 2012, à la suite de la fermeture de Drouot-Montaigne, réalise ses vacations de prestige à l’hôtel Salomon de Rothschild (Paris-8e arr.), et Pierre Bergé & associés (PBA), qui fait de même au siège du Conseil économique, social et environnemental du palais d’Iéna. Pour autant, Piasa (8e société de ventes [SVV] française en 2012), CDSC (7e) et PBA (10e), tout comme Millon (6e) qui se développe à Bruxelles, restent fortement attachés au lieu Drouot pour une bonne partie de leurs vacations, à l’inverse d’Artcurial (3e) et de Tajan (4e).

Valorisation et dynamisation
Plutôt que de viser un utopique déploiement géographique hors des frontières hexagonales, les stratèges de Drouot – neuf commissaires-priseurs actionnaires élus au conseil d’administration par l’assemblée générale des actionnaires (1) – misent sur « la valorisation et la dynamisation de l’implantation de Drouot au cœur du marché de l’art parisien, afin de séduire les collectionneurs et amateurs internationaux », et consécutivement sur le retour au bercail de certaines brebis égarées. « En tant que coopérative de moyennes et petites maisons de ventes, le modèle Drouot peut perdurer si les SVV de premier ordre ne quittent pas l’hôtel parisien pour se lancer dans une aventure en solo, comme Artcurial », estime Philippe Chalmin, professeur d’histoire économique à l’université Paris-Dauphine et ancien membre du Conseil des ventes. « Drouot a des points forts reposant sur l’exploitation d’un patrimoine sans équivalent dans d’autres pays, la France étant un important réservoir de marchandises. » Et pour valoriser cette « marchandise », de grands chantiers ont été mis en œuvre parmi lesquels le réaménagement de l’hôtel Drouot (qui se poursuit cet été) et le « développement d’outils numériques performants, qui accompagnent le positionnement international de Drouot et dynamisent sa compétitivité », annonce fièrement Georges Delettrez.

En 2012, près de 9 000 lots mis en vente à Drouot ont été adjugés en direct sur Internet via le site DrouotLive (29 000 inscrits), soit 13 lots en moyenne par vente. « Faire vivre le marché de l’art dans toutes ses dimensions, en promouvant les vacations plus modestes comme la vente “1960-1980, Génération Jouets” (18 février, SVV Boisgirard) aussi bien les ventes de prestige cataloguées », est aussi une mission à laquelle Drouot reste attaché et qui entre dans le cadre de sa nouvelle politique d’accueil des publics, laquelle se propose de donner accès à l’art au plus grand nombre d’amateurs, du néophyte au collectionneur le plus exigeant.

Note

(1) Georges Delettrez (président), Jean-Pierre Teucquam (vice-président), Jean-Philippe Allardi, Jean-Claude Binoche, Dominique Bondu, Jean-Marc Delvaux, Henri Gros, Yann Le Mouel, Olivier Rieunier.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°389 du 12 avril 2013, avec le titre suivant : Hôtel des ventes - Mais où va Drouot ?

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