VIENNE - C’est l’un des plus grands artistes contemporains minimalistes et son nom reste étroitement associé à l’utilisation du néon en art. C’est de façon tout aussi minimaliste que le Mumok/Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien de Vienne, en Autriche, a intitulé « Light » l’importante rétrospective qu’il consacre à cet artiste, l’Américain Dan Flavin, né en 1933 et disparu en 1996.
Dès le début des années 1960, Dan Flavin a commencé à utiliser les néons commerciaux standards qui allaient caractériser son œuvre et l’inscrire fortement dans la tradition artistique de son pays. Dan Flavin est, en effet, un artiste fondamentalement américain, tant par son héritage que par son environnement esthétique. Si l’usage du néon soumis à des interventions d’ampleur limitée par rapport au matériau original l’a ancré dans le courant minimaliste qui s’est épanoui aux États-Unis au cours des années 1960, il est possible de noter également une parenté avec un autre grand courant américain, celui de l’expressionnisme abstrait, à travers la figure de Mark Rothko.
Là où ce dernier s’était rendu maître de la lumière et produisait des effets de luminosité en conservant le médium de la peinture, Dan Flavin a franchi le pas en abandonnant le pinceau et en adoptant, pour constituer les œuvres elles-mêmes, un dispositif lumineux produisant un effet visuel proche de son prédécesseur ; non plus sur des bandes peintes de largeur parfois importantes, mais sur des tubes qui, une fois combinés entre eux, ont pu donner lieu à une grande variété de formes et d’effets lumineux. Outre cet héritage qui le rattache donc à l’expressionnisme abstrait et indéniablement au minimalisme, l’emprunt par Dan Flavin de son matériau fétiche à la sphère commerciale, le recours à des tubes de couleurs différentes mais toujours vives, présente également une parenté avec le pop art américain, qui émergeait au moment même où il commençait ses expérimentations.
Malgré une nature première qui pourrait sembler assez triviale, le néon, tel que Dan Flavin l’a intégré à sa pratique artistique, a donc joué un rôle de premier plan, à l’époque glorieuse de l’histoire de l’art américain, en faisant le lien entre ses principaux courants. C’est dire tout l’intérêt de la rétrospective que propose le Mumok de Vienne qui, par-delà la présentation, étendue et de très belle facture, de l’œuvre de Dan Flavin – la richesse formelle et visuelle permise par un dispositif de base assez simple ressortant parfaitement –, permet justement de mettre en lumière un artiste phare et un moment clef de l’histoire de l’art américaine.
Jusqu’au 3 février 2013, Mumok (Museum Moderner Kunst Stiftung Ludwig Wien), Museumsplatz 1, 1070 Wien, Autriche, www.mumok.at
Catalogue Dan Flavin – Lights, en allemand, édition mumok, 36 €
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Dan Flavin est brillant
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Dan Flavin est brillant