Alors qu’on la croyait démodée, la broche en tant que bijou fait de brillantes apparitions à la Biennale n Son «”¯port锯» invite à la créativité.
Parce que la broche est devenue moins appréciée qu’elle ne l’était du temps de nos grands-mères, quelques joailliers et antiquaires font plus ou moins l’impasse sur ce bijou à la Biennale. Mais pas tous. Antiquaire parisien spécialisé dans la joaillerie ancienne et moderne, Cyrille Martin du Daffoy montre à la Biennale beaucoup moins de pièces que d’habitude, soit une soixantaine au lieu de 250 lors des éditions passées, afin de mieux mettre en valeur chaque bijou exposé. S’il reconnaît que les broches n’ont plus tellement le vent en poupe, qu’« elles sont peu demandées et restent assez difficiles à vendre », il ne les a pas pour autant mises au rebut. Au contraire, elles figurent sur son stand à part égale avec les autres bijoux, dans la mesure où ce sont des pièces d’exception. Le visiteur pourra ainsi admirer chez lui un grand devant de corsage Napoléon III de type « broche trembleuse », en or et argent serti de diamants ; une broche Art déco en diamants avec des calibrés d’émeraude, d’onyx et de saphir ; une broche des années 1930 en forme de pensée, en serti mystérieux de rubis, modèle emblématique de Van Cleef & Arpels ou encore des broches des années 1970 par Cartier. L’antiquaire sait qu’il cédera beaucoup moins de broches que de bagues, de boucles d’oreilles, de colliers ou de bracelets, mais qu’importe. Ce passionné de beaux bijoux croit en leur grand retour : « Les broches sont un peu comme des belles au bois dormant qu’il faut réanimer. » En attendant, les amatrices peuvent jouir d’un tassement des prix pour les broches anciennes.
La broche a longtemps été une parure imposante, au caractère solennel sur une toilette, qui ne colle plus avec l’image actuelle de la femme moderne. Aujourd’hui, les femmes occidentales portent plus simplement les bijoux, mariant souvent une bague et un collier ou une paire de pendants d’oreilles et un bracelet. Néanmoins, des femmes revisitent avec succès l’emploi de la broche, piquée sur une ceinture, comme bijou de cheveux ou en hauteur sur l’épaule, où se poserait avec grâce une libellule Art nouveau en émail par Lalique. Déjà dans les années 1960, Jacqueline Kennedy, cliente assidue de Van Cleef & Arpels, utilisait ses clips « Flammes » de plusieurs manières : en clips de revers, sur un chapeau ou encore sur son collier de perles.
Broches et clips
Par sa créativité époustouflante, la haute joaillerie contemporaine sait encore raviver le désir pour la broche. Le joaillier chinois Wallace Chan, qui fait cette année son entrée à la Biennale, en fait une éclatante démonstration. On retiendra en particulier une impressionnante broche cigale de plus de 16 cm, en jadéite ornée de pierres précieuses. « La broche est un bijou extrêmement apprécié en Asie », précise le Hongkongais qui maîtrise l’art de travailler les montures en titane, « un matériau léger, plus agréable à porter que l’or ou argent, et qui renouvelle agréablement l’expérience du port de la broche ». Pour lui, « la façon de porter une broche, sur l’épaule par exemple, dépend beaucoup de son design, de préférence flexible et dynamique pour une grande liberté de port, sans restriction aucune ». Chez les grands joailliers de la place Vendôme, la broche garde une place de choix, avec le clip qui se distingue de la broche par un système de fermeture à deux épingles parallèles. « C’est avec le collier, le type de bijou où la créativité s’exprime le plus, explique Catherine Cariou, directrice du Patrimoine de Van Cleef & Arpels (VCA). Je dirais que la plus belle période pour les clips est la période Art déco, mais nous vivons aujourd’hui un nouvel âge d’or avec nos collections très narratives ». Au Grand Palais, VCA dévoilera sa nouvelle collection « Palais de la chance », où figurent des broches sur le thème des signes du zodiaque et des clips reprenant des symboles porte-bonheur (clip Coccinelle Mystérieuse, clip Trèfles, clip Muguet, clip Fortuna, double clip Dragon…), tandis que certains colliers sont ornés de clips détachables pouvant être portés séparément. La collection VCA comporte également des « Théâtres Poétiques », soit des pièces ingénieuses dotées d’un discret mécanisme joaillier créant une saynète ludique, à l’instar d’un clip Étoile Filante dont le motif étoilé pivote manuellement sur 360°. Chez Cartier, « la broche a toujours fait partie du vocabulaire de notre maison, souligne Pierre Rainero, directeur de l’image, du style et du patrimoine Cartier. L’approche de ce bijou est un défi intéressant car il laisse place à une grande imagination. Pour la plupart des bijoux (bracelets, colliers, bagues…), le porté est lié aux mouvements du corps, mais avec la broche le problème ne se pose pas, laissant place à une plus grande créativité. Traditionnellement c’est un objet qui se prête à la figuration en raison de sa valeur d’objet ». Cette année, le thème animalier, cher à la maison joaillière, est au cœur de la nouvelle collection Cartier présentée à la Biennale. Les bijoux transformables ont la vedette, tels des bracelets où le papillon se détache en broche. La grande liberté du porté faisant la modernité du bijou.
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Le retour annoncé de la broche
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°374 du 7 septembre 2012, avec le titre suivant : Le retour annoncé de la broche