Le Musée de la poste consacre une exposition à son plus célèbre facteur, Ferdinand Cheval, et à son palais devenu source d’inspiration pour de très nombreux artistes.
PARIS - « À cœur vaillant, rien d’impossible ». Ferdinand Cheval, facteur de profession, a fait graver dans les murs du Palais Idéal cette citation de Jacques Cœur (1395-1456). Armé d’une imagination sans bornes et d’une volonté de fer, le facteur Cheval a créé dans son jardin de Hauterives (Drôme), de 1879 à 1912, un palais hors normes par sa taille et par le mélange des styles architecturaux. À l’origine de ce projet, les cailloux particuliers qu’il ramassait au cours de ses tournées, et qui, mis bout à bout, ont fini par former ce temple de la nature. Son Palais Idéal devient rapidement un lieu de rencontres pour de nombreux artistes surréalistes, à l’initiative de l’acteur Jacques Brunius, voyant là l’expression absolue de l’inconscient. Œuvre d’art ou lubie d’un rêveur, l’édifice est classé « monument historique » en 1969, selon la volonté d’André Malraux.
Une œuvre source
Le Musée de la poste rend compte aujourd’hui du rayonnement posthume du facteur, en évoquant l’œuvre d’autres auteurs dans tous les domaines, de la littérature à la musique.
Le parcours s’ouvre sur la maquette du Palais Idéal par Alain Duperron, autour de laquelle sont disposées les cartes postales du lieu réalisées à l’initiative du facteur en 1905, son unique dessin du palais, et de très nombreux articles de journaux, de revues spécialisées témoignant de l’intérêt divers suscité par le palais. Sont ensuite présentés les hommages rendus par des artistes et écrivains du monde entier, les surréalistes en tête, tel André Breton, qui lui dédie un poème et un photomontage, Tragics à la manière des Comics (1943) à partir d’une photographie du palais. Cette exposition est accompagnée par la diffusion de morceaux écrits par des musiciens de jazz et de blues, parmi lesquels Jean-Jacques Milteau et Harrison Kennedy. Le spécialiste du jazz Alain Gerber explique que la démarche du facteur se rapproche de celle de l’improvisation : il s’agit « d’abord [de] chercher par terre les cailloux du silence. Après quoi il ne reste plus […] qu’à les charger sur sa brouette et, une fois sur le chantier, à lire en eux ». La musique accompagne le visiteur tout au long du parcours.
La dernière partie de la manifestation est consacrée à l’influence plus ou moins consciente du travail de Cheval sur neuf artistes. Des vidéos retracent l’élaboration des architectures de Las Pozas à Xilitla (Mexique) de Sir Edward James et de L’Hélice terrestre de Jacques Warminski à Saint-Georges-des-Sept-Voies (Maine-et-Loire). L’accent est mis sur Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, qui placent le travail du facteur au centre de leurs recherches. En 1961, le couple participe à la création d’un labyrinthe sensoriel nommé Dylaby (évoquée actuellement dans l’exposition « Nouveau Réalisme » au Grand Palais à Paris), où Niki de Saint Phalle réalise une sculpture en plâtre intitulée : Hommage au facteur Cheval. Tous semblent vouloir relever le défi gravé sur le Palais Idéal : « Plus opiniâtre que moi se mette à l’œuvre ».
Jusqu’au 1er septembre, Musée de la poste, 34, boulevard de Vaugirard, 75015 Paris, tél. 01 42 79 24 24, www.museedelaposte.fr, tlj 10h-18h, sauf dimanche et jours fériés. Catalogue, 156 p., 20 euros, éd. Musée de la poste et École nationale supérieure des beaux-arts, ISBN 978-2-84056-231-3.
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Du caillou au jazz
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Abonnez-vous dès 1 €- Commissaire de l’exposition : Josette Rasle - Nombre de salles : 3
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°258 du 27 avril 2007, avec le titre suivant : Du caillou au jazz