Retracer soixante ans d’histoire à travers une quarantaine d’œuvres « algériennes » s’avère assez compliqué pour l’exposition « Algérie mon amour ».
Reléguée dans la Salle des donateurs, au sous-sol de l’Ima, cette nouvelle exposition de la donation Claude et France Lemand souffre des espaces exigus, et ne peut donc pas développer une ligne directrice. Claude Lemand confesse d’ailleurs que seules « quarante œuvres algériennes sont présentées, sur les 600 que compte la donation ». Si une chronologie de l’histoire algérienne donne quelques repères aux visiteurs, l’accrochage privilégie les affinités esthétiques : seuls les cartels donnent un contexte aux œuvres, dont plusieurs sont pourtant liées aux événements politiques. Ainsi des belles toiles de Mohammed Khadda, typiques de l’art des années 1960 et 1970 où s’inventait une modernité arabe détachée de l’Occident, comme base d’une identité algérienne. Ou les toiles de Benanteur, fidèle compagnon des indépendantistes : deux livres rares de l’artiste accompagnent les toiles en rendant hommage à Jean Sénac et Djamila Bouhired, deux figures du combat politique des années 1950 et 1960. Autre figure historique, la peintre Baya, dont les silhouettes féminines à larges robes enchantaient André Breton, et qui « a été redécouverte avec beaucoup de retard en France », selon Claude Lemand. Parmi les artistes contemporains, on citera Rachid Koraïchi, dont un joli carnet de dessins trône dans une niche ; les visiteurs regretteront de ne pas voir ses grandes œuvres calligraphiées. Les jeunes générations de l’art algérien sont également présentes, avec les photographies faussement orientalistes de Halida Boughriet, qui remettent en cause le récit officiel algérien. Une vidéo de Zoulikha Bouabdellah dialogue avec ces photographies, mettant en scène une réinterprétation postcoloniale de la peinture française, dont l’Olympia de Manet. Faute de place, l’exposition ne donne donc qu’un aperçu de ce que pourrait être un « art algérien ».
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Une rétrospective qui manque de souffle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°754 du 1 mai 2022, avec le titre suivant : Une rétrospective qui manque de souffle