Art contemporain

Paris-7e

Une nouvelle façon d’être nabi

Musée d’Orsay – Jusqu’au 30 juin

Par Anne-Charlotte Michaut · L'ŒIL

Le 28 mai 2024 - 295 mots

Dialogue -  C’est probablement la plus jeune artiste ayant jamais exposé au Musée d’Orsay : Nathanaëlle Herbelin, peintre franco-israélienne née en 1989 et formée aux Beaux-Arts de Paris.

Ses œuvres, qui participent de l’important renouveau de la peinture figurative en France depuis une quinzaine d’années, sont présentées en dialogue avec celles des Nabis. Si le pari est ambitieux, voire périlleux, il est relevé haut la main par les deux commissaires de l’exposition (Christophe Leribault, ancien président du musée, et Nicolas Gausserand, son conseiller pour l’art contemporain). Ce sont eux qui ont sélectionné les toiles de la jeune artiste, tandis qu’elle a pioché parmi celles des Nabis présentes dans la collection. Afin d’éviter les confrontations directes, les toiles de Nathanaëlle Herbelin ne sont pas présentées sur les mêmes murs que celles de ses prédécesseurs, et les échos, plus ou moins évidents, se créent donc plutôt dans les angles. Aux portraits et scènes d’intérieur réalisés par Bonnard, Vuillard ou Vallotton au tournant du XXe siècle répondent ceux, contemporains, de Nathanaëlle Herbelin. Car c’est l’intimité, dans toute sa trivialité, qu’elle magnifie, en peignant principalement ses proches (son mari, sa sœur, ses amis et voisins…). Elle réactualise, avec certains objets qui trahissent l’époque et un regard contemporain, féminin, les scènes de genre : un homme au bain, des couples qui s’enlacent, une femme qui s’épile… De ses toiles à la fois délicates et graves se dégagent des sentiments communément partagés : la solitude, la tendresse, l’attente, l’amour ou la sororité. Cette belle exposition, subtile et sensible, se conclut par un mur présentant un accrochage dense de nombreuses toiles petit format – ici, celles des Nabis et de la jeune artiste sont juxtaposées. Une magnifique « constellation » qui rend hommage à l’histoire de la peinture tout en lui présageant un futur radieux.

« Nathanaëlle Herbelin. Être ici est une splendeur »,
Musée d’Orsay, esplanade Valéry Giscard d’Estaing, Paris-7e.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°776 du 1 juin 2024, avec le titre suivant : Une nouvelle façon d’être nabi

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