Le Musée Paul-Dini présente la création dans le sud-est de la France de 1884 à 1914 à travers les Salons parisiens auxquels se frottaient les artistes.
Villefranche-sur-Saône. Spécialiste des Salons d’artistes du XIXe siècle, Dominique Lobstein collabore souvent avec le Musée municipal Paul-Dini de Villefranche-sur-Saône (Rhône), qui a pour vocation d’explorer le monde des artistes de la région (couvrant désormais les territoires de l’Auvergne et de Rhône-Alpes). Pour cette exposition d’hiver, il a proposé à Sylvie Carlier, directrice du musée, de s’intéresser aux exposants des Salons sécessionnistes parisiens. « Il fallait trouver des dates limites, raconte Dominique Lobstein. En 1884 a lieu la création de la Société des artistes indépendants ; en 1890, du premier Salon de la nouvelle Société nationale des beaux-arts ; en 1903 du Salon d’automne. Et 1914, c’est la guerre. Cela fait une période de trente ans et, pour moi, une cinquantaine de livrets à dépouiller. C’est devenu amusant, parce que j’ai vu les artistes arriver, partir, changer. Il y avait du mouvement ! » D’où le titre de l’exposition, « Effervescence ».
Encore fallait-il trouver des œuvres à exposer, car, précise le commissaire, « il y a des artistes dont on ne connaît que la date d’exposition et, quand le livret donne le lieu de naissance, c’est au moins une information ! Du peintre-décorateur Henri Barberis, que nous avons retenu, nous ne savons quasiment rien ». Poursuivant : « Je trouve que l’on ne parle pas assez des femmes artistes, mais dans l’exposition, il n’y en a que trois ou quatre parce que je ne pouvais pas localiser les œuvres. C’est le cas des sœurs Desliens qui ont exposé pendant vingt ans à la Nationale des beaux-arts… J’essaie toujours de forcer les gens à apprendre : à la fin du catalogue, figure la liste de tous ces artistes et ce qui est connu de leur date et lieu et de naissance et de décès comme des Salons auxquels ils ont participé. Mon espoir est que quelqu’un reprenne mon travail et aille plus loin… »
Sur 211 artistes recensés par Dominique Lobstein, 60 sont représentés dans l’exposition au travers d’un peu moins de 150 œuvres : peintures, sculptures, objets d’art prêtés par une trentaine de musées et des collectionneurs privés. Les pièces sont réparties par thèmes commentés pour le public : la tradition, le naturalisme, les arts décoratifs, la transition du naturalisme au symbolisme, l’orientalisme, le néo-impressionnisme, les modernes. Une attention particulière est accordée à la Société nationale des beaux-arts dont le Lyonnais Ernest Meissonier fut président. Son Autoportrait (1889) collection du Musée d’Orsay et un exemplaire de sa sculpture, Le Général Duroc à Castiglione (1890), sont exposés.
Si beaucoup de ces artistes ne sont pas des novateurs, certains sont importants : Pierre Puvis de Chavannes, Paul Paulin, Jean Carriès, Jean Puy, Jules Migonney, Pierre Fix-Masseau, Fernand Lambert, Émilie Charmy, Louis Jourdan, Jacqueline Marval, l’abbé Guétal, Jeanne Bardey (l’une des dernières élèves de Rodin), et l’ami de Manet et Degas, Marcellin Desboutin.
Riche de belles découvertes, l’exposition est didactique avec légèreté, les commentaires étant concentrés sur une bannière par section et trois cartels consacrés à l’Académie, à Meissonier et au basculement de certains artistes du naturalisme au symbolisme. Le catalogue, à la disposition du public dans le parcours, permet de satisfaire sa curiosité et constitue, pour l’amateur, un document de référence sur ces années « effervescentes » dans la région.
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Une fin de siècle effervescente
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°493 du 19 janvier 2018, avec le titre suivant : Une Fin de siècle effervescente