Art Contemporain - Le titre de cette exposition, emprunté au célèbre poème de Rimbaud Le Bateau ivre, est, selon la commissaire d’exposition Anne Bonnin, à la fois une référence à la géographie péninsulaire du Portugal et une invitation à « larguer les amarres ».
Dans le cadre de la Saison France-Portugal, portée par l’Institut français, « Les péninsules démarrées » propose un panorama de la création portugaise depuis les années 1960 – période marquée par la dictature salazariste et les guerres coloniales – à aujourd’hui. Conçu comme une « circulation », ce projet se veut « rétro-prospectif », et croise les approches historiques et thématiques afin de créer des échos et de tisser des liens de filiation, avérés ou potentiels, entre une trentaine d’artistes de générations, pratiques et niveaux de reconnaissance très divers. Pour ce faire, le parcours se déploie en « constellations thématiques et monographiques », organisation favorisée par l’espace du Frac Méca, tout en obliques et percées d’une salle à l’autre. Si la circulation est effectivement ouverte et propose de beaux échos, l’écueil d’une certaine dispersion n’est pas évité, et on ressort de l’exposition sans avoir réellement réussi à appréhender ce qui liait tous ces artistes. Cette dispersion est à la fois la force et la faiblesse de cette exposition, qui n’a pas voulu plaquer de limites définitionnelles à cet « art portugais » divers et contrasté – peut-on, pour n’importe quel pays, définir clairement la création qui se déploie en son sein ? Le livret d’exposition propose des entrées thématiques, comme autant de clés de lecture qui guident le spectateur à la découverte des œuvres : « Portugal – Mozambique », qui aborde la colonisation et le salazarisme, notamment par un beau dialogue entre les peintures de Malangatana et d’Álvaro Lapa ; « Paris et Londres », révélant l’influence des avant-gardes et de l’art international ; « le Langage comme matériau », à travers une très belle salle dédiée au groupe de la Poésie expérimentale portugaise, PO.EX, seul véritable mouvement d’avant-garde portugais des années 1960-1970 ; « Le corps et ses métamorphoses », et notamment l’autoreprésentation, illustrée par des œuvres de Paula Rego ou Helena Almeida. Enfin, le parcours se conclut par « Le monde des petites choses », qui rassemble des pratiques faisant écho au flux d’images et aux objets de la vie quotidienne (Amanda Duarte, René Bértholo), avec notamment une magnifique pièce récente de Francisco Tropa, artiste majeur à qui le Musée d’art moderne de Paris consacre en ce moment une exposition monographique.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Une cartographie ouverte de l’art portugais
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : Une cartographie ouverte de l’art portugais