À Aix-en-Provence, c’est une peinture en chemin vers l’abstraction et l’expressionnisme qui est pour la première fois mise en évidence à travers une soixantaine de tableaux.
Aix-en-Provence. Géré par la société Culturespaces, l’hôtel de Caumont obéit à des exigences de rentabilité. Ses expositions d’été sont destinées à la fois aux Aixois, aux touristes et au public du Festival international d’art lyrique. En 2016, 220 000 personnes y ont admiré les œuvres de Turner. Cet été, c’est sur l’impressionnisme et Alfred Sisley que s’est porté le choix de la programmatrice, Sophie Hovanessian. Sollicitée pour être commissaire de l’exposition, la spécialiste du peintre, l’Anglaise MaryAnne Stevens, par ailleurs en rapport avec le Bruce Museum de Greenwich (Connecticut) pour un projet similaire, a posé ses conditions : ne présenter que des œuvres de grande qualité (car il y a « des Sisley vraiment “moches” », affirme-t-elle) et les puiser le plus possible dans les collections particulières.
C’est ainsi qu’après le Bruce Museum, l’hôtel de Caumont présente une soixantaine d’œuvres d’Alfred Sisley (1839-1899) sur les près de 900 recensées au total. Le titre de l’exposition, « Sisley l’impressionniste », a le mérite d’être clair aux yeux du public le moins averti, mais il est difficile de définir autrement le peintre dont Christopher Lloyd, surveyor of the Queen’s Pictures (responsable des collections royales) à Londres, écrivait en 1992 : « Cette fidélité inébranlable à l’impressionnisme, au-delà des années 1870, est ce qui caractérise le mieux son travail. »
Un artiste en recherche
Ce texte est paru dans le catalogue d’une exposition monographique présentée cette année-là au Musée d’Orsay, suivie d’une autre, au Musée des beaux-arts de Lyon, en 2002-2003. MaryAnne Stevens, qui a participé à la préparation des deux, a repris moins de vingt œuvres de 2002 et moins de quinze de 1992. Son pari de renouveler le regard sur le peintre est donc tenu. Elle voulait également montrer que derrière le paysagiste consensuel se cachait un artiste en recherche, à l’image de ses camarades Monet ou Pissarro. Au moment de la crise qui a divisé le groupe impressionniste, il est, admet-elle, « resté fidèle à la peinture sur le motif ». Mais en utilisant des couleurs beaucoup plus variées et vives qu’auparavant, jusqu’à leur donner un rôle indépendant du sujet représenté. De même, ses compositions contrecarrent la profondeur du paysage, privilégiant un effet de surface peinte. À l’intérieur de l’impressionnisme, c’est un « chemin vers l’expressionnisme et l’art abstrait qui n’a pas été décrit jusqu’ici », insiste l’historienne de l’art. Cette démonstration passe par des œuvres rarement vues, comme L’Été de la Saint-Martin (1891) appartenant à l’Académie des beaux-arts ou Après-midi d’août à Veneux (1881).
L’exposition est construite de manière chronologique et par lieu de résidence. Au-delà d’œuvres connues, elle recèle beaucoup de jolies surprises comme Printemps, paysanne sous les arbres en fleurs (1865-1866), tableau redécouvert récemment et authentifié par MaryAnne Stevens ; Route de Louveciennes, effet de neige (1874), venu de Postdam, ou À la lisière de la forêt, les Sablons (vers 1884-1885), issu d’une collection particulière.
Alfred Sisley, À la lisière de la forêt. Les Sablons, 1884-1885, huile sur toile, 54,5 x 65,5 cm, collection particulière. © Photo Koller Auktionen AG.
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Un regard neuf sur Alfred Sisley
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : Un regard neuf sur Alfred Sisley