Un bol d’art pur

Pour preuve, la production locale de la « fée verte », l’absinthe. C’est dire l’esprit de subversion qui anime la néanmoins paisible bourgade de Môtiers, située en milieu de vallée, qui accueille pour sa 8e édition un parcours de sculptures en plein air, initié il y a de cela trente ans par des passionnés d’art du cru. Entre-temps, la renommée de cette manifestation artistique estivale, qui a essaimé au-delà des frontières du canton de Neuchâtel, attire de nombreux visiteurs estivaux. Quarante-huit artistes suisses ou vivant sur le territoire helvétique ont été invités à proposer une œuvre. Mélange de générations et des genres oblige, des noms établis de la scène artistique suisse (John M. Armleder, Olivier Mosset, Urs Lüthi ou Roman Signer) côtoient de jeunes et talentueux créateurs. On parcourt donc le village, mais aussi les chemins de randonnée environnants armé d’un plan ou d’un audioguide à la recherche de ces réalisations créées sur mesure pour un écrin de verdure impressionnant et inspirant. Certaines œuvres discrètes se fondent dans la nature, à l’image des figures de cire fondues dans la rivière puis coulées en bronze de Rebecca Sauvin. D’autres installations passent moins inaperçues, tel le temple de bois coloré des frères Chapuisat ou, plus loin, la façade de saloon du Far West de Grégory Sugnaux, clin d’œil à la production d’absinthe. Dans le village, Urs-Peter Twellmann joue lui aussi avec un trompe-l’œil en plantant un arbre mort qu’on découvre peu à peu fendu, tandis que Markus Weiss s’amuse à habiller une fontaine en pierre d’une structure de bois invitant les visiteurs à y monter et à s’y isoler –malheureusement pas à s’y baigner, pandémie oblige. Un véritable jeu de piste qui fait la part belle au ludique.