La galerie Valluet-Ferrandin présente un superbe ensemble de plus de quatre-vingts objets africains très anciens, principalement de Côte d’Ivoire. Cette exposition exceptionnelle, dont les connaisseurs apprécieront la beauté, ouvrira ses portes le 28 novembre.
PARIS - Si la beauté sculpturale, l’ancienneté, la patine et le pedigree sont les maîtres mots dans l’art africain, alors l’exposition de la galerie de Christine Valluet et Yann Ferrandin est de tout premier ordre. Il s’agit même d’un double tour de force puisque les deux galeristes ont rassemblé des objets fabuleux d’une même région, la Côte d’Ivoire, et de ses contrées limitrophes. Les tribus concernées s’étendent en effet au-delà des frontières actuelles du pays, à l’exemple des Dan qui vivent également au Libéria, des Akan, au Ghana, ou encore des Sénoufo et des Bambara, présents également au Mali. La Côte d’Ivoire regroupe les quatre groupes culturels très variés que sont les peuples voltaïques, les communautés mandé, les ethnies kou et les royaumes akan, dont les plus célèbres sont les Baoulé. À l’exception d’une exposition qui a eu lieu au Grand Palais, à Paris, en 1989, et d’une publication datant de 1992 du Musée Barbier-Mueller de Genève, le sujet a été relativement peu traité et peu documenté. “Pendant des années, nous avons acheté des pièces superbes que l’on a mis de côté, relate Yann Ferrandin. Nous n’avons sélectionné que des objets très anciens, la plupart sont du XIXe siècle.” Tous proviennent d’anciennes collections, parfois célèbres comme celles de Charles Ratton, de René Mendès France ou de l’écrivain Paul Morand, et nombre de ces objets ont fait l’objet de publications.
Sur les quatre-vingt-trois sculptures présentées, il faut compter une dizaine de chefs-d’œuvre, telle une poupée ashanti du Ghana à la patine noire brillante et brunes aux angles. Il est rarissime de voir ce type de statuette akuaba pourvue d’un corps entier. Les figures mâles sénoufo, représentant l’ancêtre mythique, étaient beaucoup moins fréquentes que les statues féminines. Aussi le puissant exemplaire de 53 cm, très beau de composition dans son alternance de lignes et de volumes, montré par la galerie, avec son épaisse patine sacrificielle à base de sang et de plumes, attirera certainement les regards. La pièce vedette reste peut-être une étonnante et rare statue bassa (proche de l’art dan) du Libéria, de 77 cm et à ancienne patine d’usage brune partiellement érodée. Elle a fait l’objet de nombreux écrits et faisait partie de l’ancienne collection de Jay C. Leff. Mais il demeure difficile de savoir si elle était destinée au culte des ancêtres ou, comme la plupart des statues dan féminines, à la représentation de l’épouse favorite. Yann Ferrandin a toutefois noté qu’”il est visible que cette sculpture a subi d’importants cultes. De petites parties de sa surface ont été sciemment ponctionnées, sans doute afin de préparer des substances magiques. Et, fait rare, la tête a été séparée du tronc puis rattachée à l’aide de lames de fer primitives”. Signalons enfin que l’ensemble de l’exposition ne sera pas dévoilée avant le vernissage du 28 novembre. Aucune pièce ne sera donc prévendue à quelque institution ou grand collectionneur, comme cela est souvent le cas pour les grandes manifestations commerciales autour de l’art africain.
Du 28 novembre au 23 décembre, galerie Valluet-Ferrandin, 14 rue Guénégaud, 75006 Paris, tél. 01 43 26 83 38, tlj sauf dimanche 10h30-13h et 14h30-19h, ouverture exceptionnelle le dimanche 1er décembre. Catalogue, éd. Valluet-Ferrandin, 200 p., 38 euros.
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Trésors tribaux africains
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°159 du 22 novembre 2002, avec le titre suivant : Trésors tribaux africains