Amérique

Thomas Cole au Louvre

L’exposition inaugure un partenariat de quatre ans avec trois institutions américaines

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2012 - 559 mots

PARIS - Le partenariat que vient de signer pour quatre ans le musée du Louvre avec le High Museum of Art d’Atlanta, le Crystal bridges Museum of American Art à Bentonville, et la Terra foundation for American Art, sonne « l’entrée » de l’art américain au Louvre.

En fait d’entrée annoncée en grandes pompes, il s’agit du lancement d’un programme d’échanges d’œuvres entre les institutions, de programmes scientifiques, et d’activités pédagogiques (aux États-Unis seulement) pour approfondir les connaissances sur l’art américain entre 1780 et 1850. Le Musée du Louvre inaugure cette « New Frontier » avec Thomas Cole, fondateur de la Hudson River School, et une exposition-dossier pour le moins modeste. Cinq tableaux – dont un d’Asher B. Durand – retracent en un clin d’œil le parcours esthétique de Cole, avec pour pierre angulaire La Croix dans la contrée sauvage (1845), chef-d’œuvre du paysage acheté par l’ancien directeur du Louvre, Michel Laclotte en 1975. L’ensemble est efficace et didactique à souhait, et démontre habilement l’évolution de Cole ; entre ses débuts calqués sur Claude Lorrain, et son invention de la Wilderness (contrée sauvage), de ce paysage idéalisé et pourtant typiquement américain, dans son envergure comme dans ses couleurs – John Ford usera du même stratagème dans ces westerns. Comme l’explique le commissaire Guillaume Faroult,conservateur au département des Peintures du Louvre, Cole est l’inventeur de ces perspectives à perte de vue, là où Claude Lorrain et ses suiveurs livraient des paysages finis, à la ligne d’horizon perceptible.

Ainsi démarre un cycle de quatre expositions qu’accueilleront Paris, Atlanta et Bentonville. Les commissaires et les thèmes se succéderont : en 2013, la Terra Foundation et la peinture de genre ; en 2014, le Crystal Bridges et le portrait ; et en 2015, Atlanta et la mythologie (sous réserves). La valorisation des collections est au cœur du projet. Parent pauvre du quatuor, le musée parisien détient en tout et pour tout quatre tableaux américains : deux portraits de Stuart Gilbert donnés par des collectionneurs, « le » Thomas Cole, et Phaéton sollicite auprès d’Apollon la conduite du char du soleil (1804) de Benjamin West, acheté en 2007 (1,5 million d’euros). Voilà une nouvelle mission pour les American Friends of the Louvre. Ce partenariat a tout pour les séduire et les conforter dans leurs actions de mécénat. Pourtant cette « entrée » de l’art américain au Louvre se fait par la petite porte, dans la salle d’art britannique située en fin de parcours, et lieu de passage pour accéder aux salles des arts premiers. En 2006, le musée avait esquissé un pas avec « Les artistes américains et le Louvre », mais une véritable rétrospective sur un artiste majeur de l’école américaine reste inimaginable. Guillaume Faroult cite à cet effet l’enthousiasme relatif qu’avait suscité l’exposition « Un Nouveau monde : Chefs-d’œuvre de la peinture américaine. 1760-1910 », aux Galeries nationales du Grand Palais en 1984. S’il est trop tôt pour voir une grande exposition sur Benjamin West, John Singleton Copley, ou Thomas Cole, n’y aurait-il pas un juste milieu entre un accrochage synthétique et une rétrospective ?

NEW FRONTIER : L’ART AMÉRICAIN ENTRE AU LOUVRE

Jusqu’au 16 avril, Musée du Louvre, Paris, tél. 01 40 20 53 17, www.louvre.fr, tlj sauf mardi 9h-17h45, 9h-21h45 les mercredis et vendredis. Catalogue coédité par Louvre éditions et Somogy éditions d’art, collection solo, 64 p., 9,50 euros, ISBN 978-2-7572-0510-5

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°362 du 3 février 2012, avec le titre suivant : Thomas Cole au Louvre

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