Teresa Margolles s’invite en terre belge

Invitée du pavillon mexicain lors de la Biennale de Venise de 2009 où elle fit sensation, on a pu voir cette année son mur de parpaings surmonté de fils barbelés dans le pavillon international. Pour sa première intervention en Belgique, elle présente au BPS22 de Charleroi des œuvres récentes et des pièces produites pour l’occasion. La première partie de l’exposition est dédiée aux femmes. C’est ainsi qu’elle ouvre le parcours avec une vidéo montrant une femme croate victime de plusieurs viols qui répète en boucle PIČKA (vagin en croate) comme pour tenter de congédier en vain ses traumas. Suivent des photographies de femmes portant chacune une énorme pierre comme autant de métaphores du poids que portent ces femmes qui tentent désespérément de fuir le Venezuela. Toute une série d’affiches de femmes mexicaines disparues et recherchées par leurs parents pointe l’horreur de la situation des femmes mexicaines victimes fréquemment de meurtre. La deuxième partie de l’exposition est moins concluante. Sans transition, le deuxième temps du parcours est consacré aux œuvres produites durant la résidence de Margolles à Charleroi où elle a tenté de s’emparer de la violence sociale qui règne dans cette ville. Si les masques réalisés sur les visages des oubliés de la société croisés au fil de ses rencontres en ville et présentés alignés les uns à côté des autres renvoient avec force à la tradition historique des masques mortuaires, tentant ainsi de redonner une dignité à ceux qui l’ont perdue, les autres pièces comme un cube d’une tonne d’acier ou les enregistrements sonores des témoignages de ces oubliés de la société ne possèdent pas la force de frappe qui caractérise en général le travail de Margolles.