MILAN / ITALIE
On peut se poser la question des raisons d’aller en Italie pour voir l’exposition programmée par la Triennale Milano sur Raymond Depardon, alors que deux expositions sont actuellement proposées en France sur le photographe et cinéaste : la première sur l’Algérie, à l’Institut du monde arabe, à Paris ; la seconde au Pavillon populaire, à Montpellier, sur les communes qui ont résisté à l’exploitation de gaz de schiste.
La raison tient au fait que rarement la démarche du photographe et cinéaste n’a été aussi bien rendue perceptible. L’exposition n’est pas pour autant une rétrospective. Car, au-delà d’être « la plus grande jamais réalisée sur Raymond Depardon » de par son espace (1 300 m2) et le nombre d’œuvres exposées (plus de 300), elle ne se concentre que sur huit séries et deux films, dont la série San Clemente, sur les asiles psychiatriques de l’Italie des années 1977-1981, jamais montrée en Italie. L’ouverture grandiose imaginée par la jeune scénographe Théa Alberola donne le ton, avec une succession d’immenses tirages de route filant à travers champs, ville ou bord de mer, extraits de la série Errance. La route, pour ellipse d’une vie à se déplacer au rythme des commandes et des projets entrepris, a de l’allure, du souffle. Elle sonne juste, comme ce qui suit. De l’architecture sévère de Turin, photographiée en 2001, à San Clemente, se développent Glasgow, Manhattan, New York et la France des communes ou du monde rural. Séries anciennes, récentes ou inédites s’intercalent en noir et blanc ou en couleur. On ne lâche pas du regard l’écriture visuelle, unique et prégnante, de Depardon, qui nous fait être dans l’image. Petits, moyens ou grands formats épousent à merveille la monumentalité des salles du palazzo dell’Arte, tandis que la palette de couleurs choisie par Jean-Michel Alberola pour chaque série rythme le parcours, participe au grand calme que l’on éprouve. Pour sa troisième exposition en ces lieux, la Fondation Cartier pour l’art contemporain offre indubitablement un cheminement marquant dans plus de cinquante ans de créations variées, et Depardon présente un autre jeu de photographies de San Clemente, qui rappelle le rôle que joua le psychiatre Franco Basaglia (1924-1980) dans l’émergence d’une autre psychiatrie.
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Sur les pas de Depardon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°752 du 1 mars 2022, avec le titre suivant : Sur les pas de Depardon