PARIS
Disparition - Invitée à concevoir un projet d’exposition pour célébrer Picasso, Sophie Calle a commencé par douter : pourquoi elle ? Et comment se confronter à l’œuvre d’un tel monstre sacré ? Puis elle a fait un grand ménage.
Dans les salles du musée, où la crise du Covid lui avait préparé le terrain, elle a photographié les tableaux enveloppés pendant la crise sanitaire (les « Picasso confinés ») et, dans la foulée, a emballé La Chèvre (1950) façon Christo, avant de reléguer quasi toutes les œuvres dans les réserves. Seuls demeurent cinq tableaux, dont le portrait de La Célestine, placé, pour les inconditionnels du peintre espagnol, dans « une salle de consolation ». Chez elle, l’artiste a également fait le vide, conviant des commissaires-priseurs de Drouot à sélectionner les objets « méritants » de son intérieur : soit les œuvres de sa collection – rassemblées dans un panneau iconographique au format de Guernica –, mais aussi ses livres, ses bibelots et autres animaux empaillés. Cet inventaire stupéfiant anticipe non sans humour celui qui pourrait suivre sa propre disparition. La mort plane en effet sur cette exposition. Picasso refusait de faire son testament pour ne pas la provoquer. Sophie Calle lui ouvre les portes, rassemblant sous des intitulés de polars de la Série Noire ses projets réalisés (dont À toi de faire, ma mignonne, titre emprunté à Peter Cheyney), répertoriant ceux qui n’ont pas abouti et organisant le purgatoire de quelques autres, en sursis. Réjouissante, sa prise d’assaut du musée est aussi très diserte : on y trouve un grand nombre de textes à lire, telles ces descriptions par différents interlocuteurs des « Picasso fantômes » dissimulés par des voilages bleutés. Le catalogue, avec des délicatesses d’impression remarquables, est superbe.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sophie Calle s’amuse
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°769 du 1 novembre 2023, avec le titre suivant : Sophie Calle s’amuse