PARIS
Elle adore se raconter, sans que l’on sache vraiment si c’est réalité ou fiction. Mais elle a une telle façon de le faire et de le mettre en forme qu’on se laisse volontiers entraîner.
Invitée du Musée de la chasse et de la nature, Sophie Calle est parfaitement chez elle. Non seulement toute son œuvre repose sur le fait de pister, de chasser, voire de piéger, mais son exposition procède d’une véritable chasse aux trésors, dont tout un peuple d’animaux, empaillés ou autres, sont notamment les héros. Dispersées ici et là, dans les vitrines, sur les cimaises, sur les tables ou les fauteuils, ses œuvres sont mêlées à toutes les curiosités du musée, et il est amusant de voir les visiteurs chercher où se niche Sophie Calle. Tout au long du parcours, elle a ainsi disposé toutes sortes de petits cadres kitch faussement sculptés qui contiennent ses textes. Ainsi celui d’un chien rapportant sa proie, occasion de nous conter l’histoire de ses trois chats. Ici, elle relate celle de la perte de la virginité de sa mère en plaçant à côté une délicate sculpture en faïence au motif de rêveuse. Là, elle place sur un fauteuil toute sa literie au souvenir d’un homme qui, en deuil d’amour, lui avait demandé de dormir dans son lit. Elle est comme ça, Sophie Calle, sans pudeur aucune, mais d’une sensibilité à fleur de peau. Qu’elle rende hommage à son père, qu’elle demande à son poissonnier de la dépanner car elle est en manque d’idées ou qu’elle joue des petites annonces de rencontres du Chasseur français, elle n’a pas son pareil dans l’art de la fable pour réenchanter le monde. Et le bestiaire, à la fois merveilleux et inquiétant, de son invitée, Serena Carone, ne manque pas d’y faire écho.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Sophie Calle, de l’art de la fable
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°707 du 1 décembre 2017, avec le titre suivant : Sophie Calle, de l’art de la fable