Italie - Renaissance

Rouen (76)

Sienne, l’autre Renaissance italienne

Musée des beaux-arts jusqu’au 17 août 2015

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 24 juin 2015 - 306 mots

Cet été, le plus court chemin pour aller à Sienne est de passer par la Normandie. Le Musée des beaux-arts de Rouen présente en effet les fleurons de la Pinacothèque nationale de Sienne, plus de trente ans après la dernière rétrospective sur le sujet en France.

Une occasion rare donc de découvrir l’autre grand foyer artistique toscan, longtemps éclipsé par l’aura de son éternelle rivale : Florence. Ville prospère au mode de gouvernement original et haut lieu de pèlerinage, Sienne a été une des principales cités italiennes du Moyen Âge.

Du XIIIe au XVe siècle, elle a aussi été le théâtre d’une révolution artistique. Comparable dans son ampleur à celle de Florence, cette renaissance picturale s’est développée sur des modèles singuliers inventés par Duccio, les frères Lorenzetti ou encore Sassetta. Ils se distinguent par un sens aigu de la narration et une humanisation des personnages sacrés, tout en apportant un soin infini aux détails. Le récit chrono-thématique montre brillamment comment les artistes s’émancipent progressivement des canons rigides de l’icône byzantine et développent une expression inédite des sentiments. Une évolution flagrante dans la transformation du type iconographique de la Vierge à l’Enfant.

Les différentes œuvres réunies ici illustrent cette tentative de retranscrire la tendresse maternelle. Encore hiératiques chez Di Speme, les personnages gagnent en vitalité et en expressivité jusqu’à échanger des regards émus chez Memmi, et même une étreinte sous le pinceau de Lorenzetti. Nettement moins intellectuelle et éthérée que la peinture florentine, la production siennoise vise davantage l’édification populaire que l’idéalisme. D’où la profusion d’épisodes anecdotiques et prosaïques au milieu de scènes solennelles qui font tout le sel de cette école. Ainsi Joseph s’ennuie-t-il ferme pendant l’Adoration des Bergers, tandis que saint Thomas sautille pour attraper une relique mariale, et que les anges sont équipés de moteurs à réaction. Bref, un propos didactique émaillé de morceaux savoureux.

« Sienne aux origines de la Renaissance »

Musée des beaux-arts, esplanade Marcel-Duchamp, Rouen (76), mbarouen.fr

Légende Photo :
Sano di Pietro, L’Assomption de la Vierge avec anges musiciens, vers 1430-1440, tempera sur panneau (avec encadrement d’origine), 70,5 x 52,5 cm, Pinacothèque nationale, Sienne. © Siena, Pinacoteca Nazionale.

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°681 du 1 juillet 2015, avec le titre suivant : Sienne, l’autre Renaissance italienne

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