Étrange, non ? À la Fondation Cartier, les visiteurs ne s’attardent pas vraiment devant les créations de Ron Mueck, ce sculpteur d’origine australienne qui donne dans le style « hyperréalisant », mais s’entassent dans la grande salle du sous-sol pour voir le film qui le montre à l’œuvre.
De fait, quand on découvre le travail de l’artiste, si l’on ne peut être que bluffé par la ressemblance avec le réel et le jeu d’échelle « sur » ou « sous » dimensionné de ses figures, on est surtout taraudé par le désir de savoir « comment c’est fait ? » Le film en question répond à cette question, et les visiteurs en sortent satisfaits sans pour autant s’arrêter à nouveau devant les sculptures.
Il fut un temps où la Fondation Cartier proposait un programme d’expositions de haut vol et de puissantes réflexions. Ce temps-là semble, hélas !, révolu. L’exposition « Ron Mueck », la deuxième – on espère la seconde –, sept ans après celle que la Fondation lui avait consacrée en 2005, ne se justifie en aucune autre manière que de donner dans le spectaculaire facile et assuré. Faite de neuf pièces dont trois seulement sont nouvelles, elle témoigne de l’épuisement d’un propos qui n’est adossé qu’à des questions purement formelles. D’autant qu’il ne trouve guère à se régénérer que dans une fabrique qui tient davantage de l’esthétique du décor de cinéma que de toute préoccupation fondamentale de sculpture. Drift (2013), montrant un petit d’homme-baigneur sur un matelas pneumatique dressé à la verticale sur fond de mur bleu, passe ainsi pour métaphore d’une œuvre qui va à la dérive.
Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261, boulevard Raspail, Paris-14e, www.fondation.cartier.com
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Ron Mueck - Contre : un art du spectacle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°659 du 1 juillet 2013, avec le titre suivant : Ron Mueck - Contre : un art du spectacle