Il paraîtrait que « la légende est partout ». Du moins est-ce ce qu’affirme Alexis Vaillant, commissaire invité de l’exposition estivale du domaine de Chamarande, dirigé par Judith Quentel. Fort d’une réflexion sur le temps présent qui, selon ce dernier, « n’existe qu’à travers le futur supposé qu’on lui prête », le prétexte à cette exposition est surtout d’organiser un grand rassemblement d’œuvres imprévisibles en un lieu qui ne manque ni de charme, ni de mystère. L’occasion aussi d’un grand raout d’une cinquantaine d’artistes les plus contemporains qui soient.
Parce que « l’histoire, la nôtre, serait devenue difficile à écrire », nous serions donc passés « du côté de la légende ». À découvrir la façon dont le château a été transformé, on penserait plus volontiers que c’est du côté du miroir, puisque toutes les fenêtres en ont été recouvertes et qu’y entrer, « c’est en sortir », comme le dit joliment Vaillant. À ce jeu de revirement, force est d’observer que le visiteur perd toutes ses habitudes perceptives et que le voici plongé en effet dans un autre monde.
Sur le mode d’un étrange inventaire, « Légende » réunit ainsi tout un monde de propositions des plus incongrues : une bulle de savon programmée pour l’éternité, une prêtresse asiatique gantée en lévitation, des bâtons de cristaux de sel tombés sur la Terre, un cygne noir, une tête de loup-garou cristallisée, un jean taillé sur l’entre-jambe d’un arbre, etc. Bref, toutes sortes de créations qui en appellent à l’idée de « cabinet de curiosités ». De quoi ne plus savoir exactement où l’on se trouve, ni où l’on a la tête, ni qui nous sommes, en fait.
C’est dire si le concept de « légende » a bon dos. Qu’il ait perdu son premier sens – « ce qui doit être lu » – pour être remplacé par ce qui doit être vu, cela ne surprendra pas. Le monde aujourd’hui est visuel et l’image y est reine. Pour tenter de compenser cela, chaque salle est heureusement introduite par un haïku, une façon de rattraper la vanité de l’image par le poids mesuré de la parole.
« Légende », domaine départemental de Chamarande, 38, rue du Commandant-Arnoux, Chamarande (91), www.chamarande.essonne.fr, jusqu’au 28 septembre 2008.
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Quand Chamarande rime avec légende
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°605 du 1 septembre 2008, avec le titre suivant : Quand Chamarande rime avec légende