Portrait du mysticisme chez Jawlensky

Sans adhérer à aucune chapelle, il a su assimiler librement les avant-gardes qui ont marqué son époque : couleurs du fauvisme, expressivité dramatique de l’expressionnisme et radicalité de l’abstraction. En collaboration avec la fondation espagnole Mapfre et le Musée d’art et d’industrie de Roubaix, cette exposition d’envergure offre, sous le commissariat d’Itzhak Goldberg, un regard rétrospectif sur l’ensemble de la carrière de Jawlensky. Paysages, natures mortes, visages sont autant de motifs que l’artiste décline à travers une expression qui, au fil du temps, chemine vers une simplification formelle. Ce processus de décantation et de variations sérielles, qui donne forme à une stylisation aux frontières de l’abstrait et du figuratif, peut rappeler à certains égards la peinture de Monet ou celle de Mondrian. Processus qui répond, chez Jawlensky, à une quête de transcendance et de spiritualité. C’est de cette mystique dont témoignent les nombreuses représentations de têtes. Les « faces » deviennent chez Jawlensky des supports pour exprimer la religiosité et se détachent progressivement de tout référent à un contexte social ou de toute individualisation. Des Faces du Sauveur aux Têtes abstraites et aux Méditations , l’exposition rend compte de ce cheminement singulier par lequel l’artiste remet en question la représentation traditionnelle du visage comme expression d’une identité singulière pour capter, loin de toute ressemblance, une énergie abstraite et mystique.