Histoire

Bruxelles (Belgique)

Plongée dans l’Indonésie d’hier et d’aujourd’hui

Bozar - Jusqu’au 21 janvier 2018

Par Pauline Vidal · L'ŒIL

Le 21 décembre 2017 - 340 mots

Immense archipel comprenant plus de 13 000 îles, l’Indonésie est un pays finalement assez mal connu, à l’exception de Java et de Bali, abordées souvent à travers le filtre d’un exotisme très à la mode.

Cette année, l’occasion nous est donnée d’en savoir un peu plus grâce à Europalia. Ce festival belge qui existe depuis 1969 met ce pays asiatique à l’honneur à travers une riche programmation multidisciplinaire. Participant à l’événement, Bozar accueille deux expositions passionnantes qui dressent des ponts entre l’Indonésie d’hier et celle d’aujourd’hui.

La première, « Ancêtres et rituels », à caractère ethnographique, nous introduit au culte millénaire des ancêtres qui régit toute la société malgré les différentes religions pratiquées.
Tout aussi passionnante, la deuxième exposition, « Power and Other Things », donne la parole aux artistes contemporains pour aborder l’épineuse question du colonialisme qui a tant abîmé l’Indonésie - de 1816 à 1942, la colonisation hollandaise fut particulièrement dure et violente. Après une rapide ouverture sur le XIXe siècle et notamment sur des travaux de Jan Toorop, qui était originaire de ce pays, l’exposition présente des œuvres signées par des artistes contemporains indonésiens ou familiers de l’Indonésie.
Le travail de Dea Widya est particulièrement significatif. S’emparant de l’histoire de l’Hôtel des Indes de Jakarta construit en 1845 avant d’être détruit et remplacé par un centre commercial après l’indépendance de l’Indonésie, cette jeune artiste invite à appréhender le capitalisme comme une sorte de prolongement du colonialisme par d’autres moyens.
Autre artiste femme indonésienne, Octora s’inspire quant à elle de portraits photographiques de femmes pris à Bali entre 1910 et 1930 pour démonter les mécanismes qui continuent à conditionner la construction des identités des anciens colonisés…

L’ensemble des œuvres présentées invite à débusquer avec beaucoup de subtilité les stéréotypes et les pensées hérités du colonialisme qui irriguent encore l’Indonésie d’aujourd’hui. Comme le souligne le directeur artistique Dirk Vermaelen, « les artistes souhaitent sortir d’une pensée duelle qui mettrait d’un côté les victimes et de l’autre les bourreaux ». Ils tentent ainsi de participer à ce que les Indonésiens deviennent pleinement acteurs de leur histoire.

« Power and Other Things, Indonesia & Art » et « Ancêtres & Rituels. Europalia Indonésie »,
Bozar, rue Ravenstein 23, Bruxelles (Belgique), www.bozar.be

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°708 du 1 janvier 2018, avec le titre suivant : Plongée dans l’Indonésie d’hier et d’aujourd’hui

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